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épais de Charteris. Si on le laisse dans la croyance que la duchesse de Rothsay est encore ici, avec Catherine Glover attachée à sa suite, il est capable de venir offrir ses services, quand sa présence ici, comme je n’ai pas besoin de te le dire, aurait de grands inconvénients. Cela est même d’autant plus probable que quelques personnes donnent un nom assez tendre à la protection que le chevalier à tête de fer accorde à cette jeune fille. — Laissez-moi traiter avec lui sur cette donnée. Je lui enverrai une lettre en de tels termes, que d’ici à un mois il sera aussi disposé à faire un voyage en enfer qu’à Falkland. Pouvez-vous me dire le nom du confesseur de la duchesse ? — Waltheof, un frère gris. — Bien, je pars de là. »

En quelques minutes, car c’était un clerc fort habile, Dwining écrivit une lettre qu’il remit à Ramorny.

« Cela est admirable, et aurait fait ta fortune auprès de Rothsay. Je crois que j’aurais été trop jaloux pour t’introduire dans sa maison, si son jour n’était marqué. — Lisez tout haut, dit Dwining, afin que nous puissions juger si cela marche bien ; » et Ramorny lut les lignes suivantes : « Par ordre de haute et puissante princesse Marjory, duchesse de Rothsay, nous Waltheof, frère indigne de l’ordre de Saint-François, faisons savoir à toi, sir Patrick Charteris, chevalier de Kinfauns, que Son Altesse s’étonne que tu aies eu la témérité d’envoyer près d’elle une femme qui, sans aucune nécessité, a résidé dans ton propre château pendant plus d’une semaine, sans autre compagnie de son sexe que quelques servantes ; de laquelle résidence coupable le bruit s’est répandu dans les comtés de Fife, d’Angus et de Perth. Néanmoins Son Altesse, considérant la fragilité humaine, n’a pas fait fouetter cette fille impudique avec des orties, et ne l’a soumise à aucune pénitence. Seulement deux bons frères du couvent de Lindores, les pères Thickscull et Dundermore, ayant été appelés dans les montagnes pour une mission spéciale, Son Altesse a confié à leurs soins cette Catherine, pour la conduire à son père, qu’elle dit être actuellement au lac du Tay. Elle trouvera là une position plus convenable à ses qualités et à ses habitudes, qu’au château de Falkland, tant que Son Altesse la duchesse de Rothsay l’habite. Elle a chargé les deux révérends Pères de tâcher de faire sentir à la jeune fille l’horreur du péché d’incontinence, et elle vous recommande, à vous, de vous confesser et de faire péni-