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confesseur, mais ce sentiment fut comme l’éclair qui brille dans un souterrain ténébreux, où il ne se trouve aucune matière combustible ; et il descendit lentement la colline, dans une direction opposée à celle du moine, oubliant le prêtre et ses doctrines, et plongé dans de pénibles réflexions sur le sort de Catherine et sur le sien propre.


CHAPITRE XXVIII.

LA FÊTE.


Quel besoin auraient-ils, ces proscrits conquérants, d’acheter une page de l’histoire pour qu’elle les proclamât grands, et d’avoir un espace plus vaste, un tombeau plus orné pour dormir ? leurs espérances n’en seraient pas plus vives, leurs âmes n’en seraient pas plus fortes.
Byron.


Les funérailles terminées, la même flottille qui avait traversé le lac dans un ordre lugubre et solennel, se prépara à s’en retourner, les bannières déployées, et avec tous les signes de la joie et du plaisir. Car on n’avait que peu de temps pour célébrer les fêtes, l’époque du terrible combat du clan de Quhele contre ses plus redoutables rivaux étant aussi rapprochée. On était donc convenu que la fête funéraire serait réunie aux réjouissances de l’inauguration du jeune chef.

Quelques-uns réclamèrent contre cet arrangement, qui leur semblait de mauvais présage. Mais, d’un autre côté, il était appuyé en quelque sorte par les usages et les sentiments des montagnards, qui, jusqu’à nos jours même, ont coutume de mêler à leur deuil une espèce de joie solennelle, et à leur joie quelque chose qui ressemble à la tristesse. La peine qu’on éprouve d’ordinaire à parler de ceux qu’on a aimés et perdus se fait moins sentir chez ce peuple grave et enthousiaste que chez tout autre. Non-seulement vous entendez les jeunes rappeler, comme partout ailleurs, le mérite et les qualités de leurs parents qui, dans l’ordre de la nature, sont morts avant eux, mais la veuve même parle dans la conversation de son époux qui n’est plus ; et, ce qui est encore plus étrange, les pères et mères font de fréquentes allusions à la beauté et au courage de l’enfant qu’ils ont perdu. Les montagnards écossais paraissent regarder les séparations causées par la mort comme une chose moins absolue et moins com-