Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/338

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rituel, est néanmoins aussi chère à Clément Blair qu’elle l’est à son père. »

Des larmes parurent dans les yeux du vieillard comme il disait ces mots, et Simon Glover s’attendrit en lui répondant :

« On vous croirait, père Clément, le meilleur et le plus aimable des hommes : comment se fait-il donc que la mauvaise volonté s’attache à vos pas quelque part que vous les portiez ? Je gagerais ma vie que vous êtes déjà parvenu à offenser cette demi-douzaine de moines dans leur cage entourée d’eau, et qu’on vous a interdit d’assister aux funérailles ? — Oui, mon fils, cela est ainsi, répondit le moine, et je ne sais si leur méchanceté me permettra de rester dans ce pays. J’ai à peine dit quelques mots contre la folle superstition d’aller à l’église de Saint-Filian pour découvrir le vol par le son de la cloche, et contre celle de baigner les fous dans sa citerne pour leur rendre la raison… Hélas ! et les persécuteurs m’ont exclu de leur communion, comme ils m’excluront bientôt de ce monde. — Voyez maintenant, dit Simon ; voilà ce que c’est qu’un homme qui ne veut pas écouter un bon avis ! Eh bien ! père Clément, les hommes n’auront jamais de motif de me retrancher du nombre des vivants, si ce n’est pour avoir été en votre compagnie. Dites-moi donc, je vous prie, ce que vous avez à me dire au sujet de ma fille, et soyons ensuite moins voisins que nous ne l’avons été. — Voici ce que j’ai à vous apprendre, frère Simon. Ce jeune chef qui est gonflé de son pouvoir et de sa gloire, aime une chose plus que tout cela : c’est votre fille. — Lui ! Conachar ! s’écria Simon ; mon apprenti fugitif lever les yeux sur ma fille ! — Hélas ! dit Clément, notre orgueil terrestre nous enlace aussi étroitement que le lierre qui s’attache à la muraille et ne peut s’en détacher ! Lever les yeux sur votre fille, bon Simon ! hélas ! non ; le chef du clan de Quhele, grand comme il est, et espérant le devenir bientôt encore davantage, abaisse ses regards jusqu’à la fille du bourgeois de Perth, et croit descendre en agissant ainsi. Mais, pour me servir d’une expression profane, Catherine lui est plus chère que la vie en ce monde et le ciel en l’autre. Il ne peut vivre sans elle. — Alors il peut bien mourir, si cela lui convient, dit le gantier, car elle est fiancée à un honnête bourgeois de Perth ; et je ne manquerais pas à ma parole pour faire de ma fille la femme du prince d’Écosse. — Je pensais bien que telle serait votre réponse ; je voudrais, cher frère, que vous montrassiez pour vos intérêts spirituels une partie de cette résolution