Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/328

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de fumée, à la grande consolation de Simon, qui avait craint fortement d’être obligé de passer la nuit au grand air.

Il atteignit la porte de la chaumière, siffla et frappa pour annoncer son arrivée. On entendit des aboiements de chiens de chasse et de chiens de berger, et le maître de la chaumière sortit aussitôt. Son front était soucieux, et il parut surpris en voyant le gantier, quoiqu’il fît tous ses efforts pour le cacher : car rien n’est regardé comme plus incivil dans ce pays que de laisser échapper un regard ou un geste qui fasse supposer à l’hôte qui arrive que sa visite est un incident désagréable ou même inattendu. Le cheval du voyageur fut conduit à une étable, qui était à peine assez haute pour le recevoir, et le gantier fut conduit dans une maison de Booshalloch, où, selon la coutume du pays, du pain et du fromage furent placés devant le voyageur, tandis qu’on préparait des aliments plus solides. Simon, qui connaissait leurs usages, ne parut point voir la tristesse qui régnait sur les traits de son hôte et des membres de sa famille, jusqu’à ce qu’il eût mangé quelque chose pour la forme ; alors il demanda, d’une manière générale, quelles nouvelles il y avait dans le pays.

« D’aussi mauvaises nouvelles qu’on ait jamais pu en entendre, dit le berger, notre père n’est plus. — Comment ! » dit Simon très-alarmé, le chef du clan de Quhele est mort ? — Le chef du clan de Quhele ne meurt jamais, répondit Booshalloch ; mais Gilchrist Mac-Jan est mort il y a vingt-quatre heures, et son fils Éachin Mac-Jan est maintenant chef du clan. — Quoi ! Éachin, c’est-à-dire, Conachar, mon apprenti ? — Rappelez cela le moins que vous pourrez, frère Simon, dit Booshalloch ; songez, ami, que votre métier, qui convient fort bien à un habitant de la tranquille ville de Perth, est quelque chose de trop mécanique pour jouir de quelque estime au pied du Ben-Lawers et sur les bords du lac du Tay. Nous n’avons pas même un mot celtique pour exprimer un faiseur de gants. — Il serait étrange que vous en eussiez un, l’ami, » dit Simon sèchement, « vous qui portez si peu de gants. Je crois qu’il n’y en a pas une seule paire dans tout le clan, sauf celle que j’ai donnée à Gilchrist Mac-Jan, à qui Dieu fasse paix ! et qui les regarda comme un beau présent. Je suis très-affligé de sa mort, car j’étais venu exprès pour lui parler d’affaires. — Vous feriez mieux de tourner la tête de votre cheval vers le sud au point du jour, dit le berger ; les funérailles vont avoir lieu, et la cérémonie en sera courte, car trente champions