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tification suffisante si l’on me questionne, » répondit le hautain jeune homme ; « cependant j’éviterai d’être rencontré, si cela est possible. La lune est tout à fait cachée, et la route est aussi noire que la gueule d’un loup. — Bien ! dit Dwining ; ne vous inquiétez pas de cela ; avant peu nous marcherons par des chemins encore plus noirs. »

Sans demander le sens de ces paroles de mauvais augure, et même après les avoir à peine écoutées, dans son humeur hautaine et insouciante, le page de Ramorny quitta son artificieux et dangereux compagnon, et chacun d’eux s’en alla de son côté.


CHAPITRE XXV.

L’ENTRETIEN.


Le cours du véritable amour n’est jamais tranquille.
Anonyme.


Les craintes de notre armurier ne l’avaient point trompé. Quand le bon gantier se fut séparé de son futur gendre, après que l’événement du combat judiciaire eut été décidé, il trouva, comme il s’y attendait, que la Jolie Fille n’était pas dans des dispositions favorables à son amant. Mais, quoiqu’il s’aperçût que Catherine était froide et réservée, qu’elle paraissait avoir banni toute passion humaine, et n’écouter qu’avec une froideur méprisante la description la plus brillante qu’il put faire du combat de Skinners’yards, il résolut de n’avoir point l’air de remarquer son changement, et de lui parler de son mariage avec Henri comme d’une chose qui ne pouvait manquer d’avoir lieu. Enfin, quand elle commença de nouveau à lui déclarer que son attachement pour l’armurier ne passait pas les limites de l’amitié, qu’elle était décidée à ne jamais se marier, que ce prétendu combat judiciaire était un outrage à la volonté divine et aux lois humaines, le gantier conçut naturellement de l’humeur.

« Je ne puis lire dans votre pensée, ma fille, ni deviner d’après quelle malheureuse illusion vous embrassez un amant déclaré, vous permettez qu’il vous embrasse, vous courez à sa maison quand le bruit de sa mort se répand, et vous vous jetez dans ses bras quand vous l’y trouvez seul. Tout cela montre une fille disposée à obéir à ses parents, en prenant le mari que désire son père ; mais de semblables marques d’affection, données à un