Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/299

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tombereau qui conduisait le criminel au lieu de l’exécution fut suivi par la plus nombreuse portion des habitants de Perth.

Le meurtrier Bonthron n’hésita point à répéter, sous le sceau de la confession, au religieux qui l’accompagnait dans la charrette la déclaration qu’il avait faite sur le lieu du combat, et qui accusait le duc de Rothsay d’avoir dirigé le guet-apens dont l’infortuné bonnetier avait été victime. Il répandit le même mensonge parmi la foule, affirmant, avec une infernale effronterie à ceux qui entouraient la charrette, qu’il mourait pour avoir exécuté les ordres du duc de Rothsay. Pendant quelque temps il répéta ces paroles d’un air morne et d’une voix brève, comme quelqu’un qui récite une leçon, ou comme un menteur qui s’efforce, en répétant ses mensonges, d’obtenir un crédit dont il se sent indigne ; mais quand il leva les yeux, et qu’il aperçut dans le lointain la potence peinte en noir, haute de quarante pieds au moins, se dessinant sur l’horizon avec son échelle et la corde fatale, il devint silencieux, et le religieux remarqua qu’il était agité d’un violent tremblement.

« Rassurez-vous, mon fils, lui dit le bon prêtre, vous avez confessé la vérité et reçu l’absolution. Votre pénitence sera acceptée en raison de votre sincérité, et quoique vous ayez été un homme au cœur cruel et aux mains sanglantes, cependant, par les prières de l’Église, vous serez en temps convenable délivré des feux expiatoires du purgatoire. »

Ces assurances étaient de nature à augmenter plutôt qu’à diminuer les terreurs du coupable, qui doutait si le moyen imaginé pour le sauver de la mort réussirait, et même si l’on avait réellement l’intention d’essayer de les mettre en œuvre ; car il connaissait assez bien son maître pour être convaincu qu’il sacrifierait sans remords un homme qui pouvait à l’avenir être un témoin dangereux.

Quoi qu’il en soit, sa sentence était portée, et il n’était pas possible d’y échapper ; le cortège approchait lentement de l’arbre fatal qui était élevé sur une éminence à côté de la rivière, environ à un mille des remparts de la ville, position choisie pour que le corps du misérable, qui devait servir de pâture aux oiseaux de proie, fût vu de loin dans toutes les directions. Le prêtre remit Bonthron à l’exécuteur qui l’aida à monter l’échelle, et qui, selon toutes les apparences, le dépêcha dans les formes ordinaires et prescrites par la loi. Le meurtrier parut se débattre un moment,