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par votre sénéchal, dans la grande église de Saint-John, afin qu’en présence de toutes les parties intéressées ils se disculpent de cette accusation. Faites en sorte que chacun d’eux paraisse à l’heure de la grand’messe, autrement votre honneur en serait souillé.

« Ils y seront tous, » répliqua John Ramorny. Alors, après avoir salué profondément le roi, il se dirigea vers le jeune duc de Rothsay, s’inclina respectueusement devant lui, et lui dit de manière à n’être entendu d’aucun autre : « Vous en avez usé généreusement avec moi, milord. Un mot de votre bouche aurait terminé ce débat, et vous avez refusé de le prononcer. — Sur ma vie ! » répondit le prince à voix basse, « j’ai dit tout ce que la vérité et ma conscience me permettaient de dire. Je pense que vous ne deviez pas supposer que j’inventerais des mensonges pour vous servir ; et d’ailleurs, John, dans mes souvenirs imparfaits de cette nuit, je me rappelle un sauvage, à la tournure de boucher, avec une hache courte, qui ressemblait beaucoup à celui qui a commis cet attentat nocturne. Ah ! je vous ai touché au cœur, sire chevalier. »

Sir John ne répondit pas ; mais il se détourna précipitamment, comme si quelqu’un eût pressé son bras malade, et il regagna sa demeure avec le comte de Crawford. Quoiqu’il fût disposée tout autre sentiment qu’à la joie, il fut obligé d’offrir à ce jeune seigneur une splendide collation pour lui témoigner sa reconnaissance de l’appui qu’il en avait reçu.


CHAPITRE XXII.

LE MÉDECIN.


À l’aide de la pharmacie il a fait beaucoup de maux ; il a tué beaucoup de monde par la médecine.
Dunbar.


Après un festin dont la prolongation était un supplice pour le chevalier de Ramorny, le comte de Crawford remonta enfin à cheval pour regagner le château de Dupplin, où il recevait l’hospitalité. Sir John se retira dans sa chambre à coucher, en proie aux douleurs du corps et aux peines de l’esprit. Il y trouva Henbane Dwining, de qui, pour son malheur, il devait attendre le soulagement des uns et des autres. Le médecin, en affectant une extrême humilité, exprima l’espoir que son illustre malade était heureux et satisfait.

« Satisfait comme un chien enragé, dit Ramorny, et heureux