Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/263

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de la maison du duc de Rothsay, on ne pourra dire que lui, ou ceux de ses gens qui sont les auteurs de ce meurtre (si on les en accuse avec raison) ont été encouragés ou excités à cette affreuse action par mon pauvre enfant. Certainement, mon frère, vous vous souvenez comme moi, qu’à ma prière il a consenti sans hésiter à renvoyer de son service sir John Ramorny, la cause première de cette échauffourée dans Curfew-Street. — Cela est vrai, dit Albany, et j’espère que le prince n’a pas renoué ses relations avec Ramorny depuis qu’il a paru se conformer aux désirs de Votre Grâce. — Paru se conformer ?… renouer ses relations ? répéta le roi ; que voulez-vous dire par ces mots, mon frère ? Sûrement quand David m’a promis que, si cette malheureuse affaire de Curfew-Street était étouffée, il se séparerait de sir John Ramorny, qu’on croyait capable de l’entraîner à de pareilles extravagances, et qu’il ne s’opposerait point à l’exil de sir John ou à tout autre châtiment qu’il nous plairait de lui infliger… Assurément vous ne doutez pas que notre fils ne fût sincère et décidé à tenir sa parole ? Ne vous rappelez-vous pas que, quand vous donnâtes l’avis de lever une forte amende sur les domaines de Ramorny, dans le comté de Fife, au lieu de le bannir, le prince sembla dire que l’exil serait une mesure plus convenable pour Ramorny et pour lui-même ? — Je me le rappelle parfaitement, mon royal frère. Certainement je n’aurais pas supposé à Ramorny tant d’influence sur le prince, après avoir contribué à le mettre dans une situation si périlleuse, sans la déclaration de mon noble neveu que vous venez de rappeler ; déclaration d’où il résulte que, si Ramorny demeurait à la cour, il continuerait à diriger la conduite du duc de Rothsay. Je regrettai, à ce moment, d’avoir conseillé une amende au lieu du bannissement ; mais cela est passé, et maintenant il a été commis un nouveau désordre qui compromet Votre Majesté, l’héritier de la couronne et tout le royaume. — Que voulez-vous dire ? Robin, » s’écria le timide prince. « Par la tombe de mes parents ! Par l’âme de Bruce, notre immortel aïeul ! je vous supplie, mon cher frère, d’avoir pitié de moi. Dites-moi quel danger menace mon fils ou mon royaume. »

Le visage du roi agité par l’inquiétude, et ses yeux obscurcis par les larmes étaient fixés sur son frère qui sembla se recueillir en lui-même avant de répondre.

« Milord, dit-il, voici quel est ce danger. Votre Grâce croit que le prince n’a pris aucune part à cette seconde agression con-