Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/257

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femmes, que dans celle de Ramorny. Mais je doute que ce mode d’exécution sommaire fût autorisé par les lois, surtout le peu de lumière résultant de ce que nous avons entendu n’établissant pas la culpabilité d’un ou de plusieurs individus. »

Avant que le prévôt répondît, le clerc de la ville se leva, et, caressant sa barbe vénérable, il demanda la permission de parler, ce qui lui fut accordé sur-le-champ. « Mes frères, dit-il, du temps de nos pères comme du nôtre, Dieu, quand on l’a invoqué avec ardeur, a daigné rendre manifestes les crimes des coupables, et l’innocence des gens de bien injustement accusés. Demandons à notre maître et seigneur, le roi Robert, qui, lorsque des méchants n’interviennent pas pour pervertir ses bonnes intentions, est aussi juste et clément que le meilleur de nos rois, demandons-lui, selon la coutume de nos ancêtres, au nom de la belle ville et de toutes les communes d’Écosse, la permission d’en appeler au ciel pour dissiper les ténèbres qui enveloppent cet assassinat. Demandons-lui l’épreuve par le droit du cercueil, souvent accordée par les ancêtres de notre souverain, approuvée par les bulbes et les décrétales, établie par le grand empereur Charlemagne en France, par le roi Arthur en Bretagne, par Grégoire le Grand, et par le puissant Achaïus[1] dans notre pays d’Écosse. — J’ai entendu parler de l’épreuve par le droit du cercueil, sir Louis, répondit le prévôt, et je sais qu’il en est question dans les chartes de la belle ville ; mais je ne suis pas parfaitement au fait des anciennes lois, et je vous prierais de nous apprendre plus précisément en quoi cette épreuve consistait. — Si mon avis est adopté, reprit sir Louis, nous demanderons au roi que le corps de notre concitoyen assassiné soit transporté dans la grande église de Saint-John, et qu’un certain nombre de messes soient dites pour le repos de son âme, et pour la découverte des auteurs de ce meurtre abominable. Pendant ce temps-là, nous obtiendrons un ordre qui obligera sir John Ramorny à donner la liste de tous les gens de sa maison qui se trouvaient à Perth pendant la nuit du mardi gras à ce jourd’hui mercredi des Cendres, et par lequel il sera tenu de les faire comparaître, à un jour et à une heure fixés, dans l’église de Saint-John. Là on les appellera chacun par son nom, et ils passeront, l’un après l’autre, devant la bière de notre concitoyen assassiné, et prendront à témoin, dans la forme prescrite, Dieu et ses saints qu’ils sont innocents de toute participation

  1. Les chroniques font de ce roi un des contemporains de Charlemagne. a. m.