Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/249

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seillers que le coup s’adressait à toi, et que c’est à toi qu’il appartient de venger celui de nos concitoyens qui a reçu la mort à ta place. »

L’armurier garda quelque temps le silence. Ils étaient sortis du jardin et suivaient une rue solitaire par laquelle ils espéraient arriver à l’Hôtel-de-Ville sans être exposés aux observations et aux vaines questions des passants.

« Vous êtes silencieux, mon fils, et cependant nous avons beaucoup de choses à nous dire, reprit Simon Glover. Pensez que si la veuve d’Olivier peut trouver des indices suffisants pour appeler quelqu’un au combat à cause du tort fait à elle et à ses enfants orphelins, elle devra faire soutenir son droit par un champion, conformément aux lois et à la coutume. Quel que soit le rang du meurtrier, nous connaissons assez les gens attachés au service des nobles pour être assurés que le coupable demandera le combat en champ clos, ne fût-ce que pour avoir occasion de se railler de ceux qu’ils appellent de lâches bourgeois ; et tant que nous aurons du sang dans les veines, il ne faut pas leur donner cette occasion, Henri Wynd. — Je vois où vous voulez en venir, mon père, » répondit Henri d’un air abattu, « et saint John sait que j’ai toujours entendu une invitation à combattre avec autant de plaisir que le cheval de guerre entend la trompette ; mais rappelez-vous, mon père, combien de fois j’ai perdu les bonnes grâces de Catherine, et comment je désespérais souvent de les jamais regagner, pour avoir été trop prompt à tirer l’épée ; et maintenant que toutes nos querelles sont terminées, que les espérances de bonheur, qui ce matin semblaient perdues pour toujours, sont venues plus prochaines et plus brillantes que jamais, faut-il, quand son baiser de pardon est encore sur mes lèvres, faut-il me mêler à de nouvelles scènes de violence et l’offenser de nouveau ? — Il est pénible pour moi de vous donner ces conseils, Henri, dit Simon ; mais je dois vous faire une question : Avez-vous ou n’avez-vous pas de raisons pour croire que ce malheureux Olivier a été pris pour vous ? — Je ne le crains que trop, répondit Henri ; il me ressemblait un peu, à ce qu’on trouvait, et le pauvre fou s’était étudié à imiter mes gestes, ma démarche, et les airs mêmes que j’ai la manie de siffler, afin de rendre plus parfaite une ressemblance qui devait lui coûter cher. Je ne manque pas d’ennemis dans la ville ou dans la campagne, qui désirent me jouer un mauvais tour, et lui, je pense, n’en avait pas un. — Henri, je ne puis vous dire que