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CHAPITRE XVII.

CONFÉRENCE NOCTURNE.


Oui, je ferai de vous un bon jeune prince.
Faltsaff. Personnage de la tragédie d’Henri IV de Shakspeare.


Nous revenons aux masques qui, une demi-heure auparavant, avaient honoré d’un tonnerre d’applaudissements les prouesses d’agilité de Proudfute (les dernières que le pauvre bonnetier dût jamais faire), et qui avaient précipité sa course par leurs joyeuses clameurs lorsqu’il avait battu en retraite. Après avoir ri tout à leur aise, ils continuèrent gaiement leur route, arrêtant et épouvantant les gens qu’ils rencontraient, mais, il faut le dire, sans outrager personne d’une manière sérieuse. Enfin, las de cabrioles, le chef donna ordre à ses joyeux sujets de s’assembler autour de lui.

« Mes braves amis et sages conseillers, nous sommes véritablement roi de tout ce qui mérite d’être commandé en Écosse. Nous régnons pendant les heures où la coupe circule, où la beauté devient facile, où la folie est éveillée, où la sagesse ronfle sur son lit de repos. Nous laissons à notre vice-régent, le roi Robert, l’ennuyeuse tâche de réprimer de nobles ambitieux, de satisfaire un avide clergé, de soumettre de sauvages montagnards, et de réconcilier des haines mortelles. Puisque notre empire est celui de la joie et du plaisir, c’est justice que nous secourions nos sujets de toutes nos forces quand, par leur mauvaise fortune, ils sont devenus prisonniers du souci et d’une maladie hypocondriaque. Je parle principalement pour sir John, que le vulgaire appelle Ramorny. Nous ne l’avons pas vu depuis la bagarre de Curfew-Street, et, quoique nous sachions qu’il a attrapé quelque mal en cette affaire, nous ne voyons pas pourquoi il ne nous rendrait pas hommage dûment et révérencieusement. Venez ici, vous, notre roi d’armes de la calebasse. Avez-vous légalement invité sir John à participer aux réjouissances de cette soirée ? — Oui, milord. — Et l’avez-vous informé que nous suspendions pour cette nuit sa sentence de bannissement, afin que nous pussions du moins prendre un joyeux congé d’un vieil ami, puisque l’autorité supérieure a ordonné cet exil ? — J’ai eu soin de l’en avertir, milord, » répondit le héraut fantastique. — Et n’a-t-il pas envoyé