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acclamation unanime, ils burent à la santé de la Jolie Fille de Perth. Ces cris attirèrent le vieux Simon à la porte de la maison, et pour reconnaître la courtoisie de ses concitoyens, il fit à son tour circuler les flacons en l’honneur des joyeux danseurs mauresques de Perth.

« Nous te remercions, père Simon, » dit une voix qui s’efforçait de donner un accent artificiel au ton vif et résolu d’Olivier Proudfute. « Mais la vue de ta charmante fille serait plus douce à nous autres jeunes lurons, que tout un poinçon de malvoisie. — Je vous remercie, voisins, de votre politesse, répliqua le gantier. Ma fille est indisposée et ne peut sortir à l’air froid de la nuit… mais si l’aimable galant, dont je crois reconnaître la voix, veut entrer dans ma pauvre maison, Catherine le chargera de compliments pour tous les autres. — Apporte-les-nous à l’auberge du Griffon, » cria le reste des danseurs à leur compagnon favorisé, « car c’est là que nous sonnerons en carême, et que nous boirons un second coup à la santé de la charmante Catherine. — Je vous rejoins dans une demi-heure, dit Olivier, et on verra qui avalera le plus large flacon ou chantera son couplet le plus haut. Oui, je veux me donner de la joie le reste de la veille du jeûne, dût le carême me fermer la bouche à jamais ! — Adieu donc, » lui crièrent ses camarades de la danse mauresque ; « adieu, bonnetier fendant, jusqu’au revoir. »

Les danseurs mauresques continuèrent donc leur route, dansant et gambadant le long du chemin, au son de quatre musiciens qui conduisaient la bande joyeuse, tandis que Simon Glover entraînait leur coryphée dans sa maison, et le plaçait dans un fauteuil au coin du feu de son salon. — Mais, où est donc votre fille ? dit Olivier, c’est un appât pour nous autres bonnes lames. — Je vous assure qu’elle garde la chambre, voisin Olivier ; et pour parler franchement, elle garde le lit. — Eh bien ! je monterai la voir… vous m’avez arrêté dans ma course, Gaffer Glover, et vous devez une réparation… À une rude lame comme moi… je ne veux pas perdre à la fois la jeune fille et le coup de vin… Elle est au lit, n’est-ce pas ?

Mon chien et moi toujours allons,
Remplis d’une heureuse folie,
Visiter, dans leur maladie,
Les fillettes de nos vallons ;
Et prêtes à rendre la vie,
Recueillant leur âme assoupie,
Mon chien et moi les consolons.