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cerveau. C’était un précieux gaillard avant qu’une hache anglaise lui eut découvert le crâne ; mais, depuis ce temps, il dit des sottises dès que la coupe lui a touché les lèvres… Le médecin vous a-t-il parlé, Éviot ? — Non, si ce n’est pour réitérer l’ordre qu’on ne troublât point Votre Seigneurie. — Et tu dois obéir à la lettre ; je me sens surpris par le sommeil, dont j’ai été privé depuis cette malheureuse blessure, ou du moins si j’ai dormi, c’était pour un instant. Aide-moi à quitter ma robe, Éviot. — Puissent Dieu et les saints vous envoyer un bon sommeil, milord, » dit le page en se retirant, après avoir rendu à son maître blessé le service qu’il demandait.

Pendant que le jeune homme sortait de l’appartement, le chevalier, dont le cerveau devenait de plus en plus embrouillé, murmura à propos des dernières paroles du page :

« Dieu… les saints… J’ai dormi profondément sous une telle bénédiction. Mais à présent… Il me semble que si je ne puis m’éveiller pour l’accomplissement de mes vastes projets de pouvoir et de vengeance, le meilleur souhait que j’aie à former, est que le sommeil qui appesantit ma tête en ce moment soit le précurseur de cet éternel repos qui rendra ma puissance empruntée à son néant primitif… Je ne puis raisonner davantage. »

En parlant ainsi il tomba dans un profond sommeil.


CHAPITRE XVI.

LE MARDI GRAS.


Un soir de carnaval quand nous avions bien bu.
Chants écossais.


La nuit qui tombait sur le lit du malade n’était pas destinée à être tranquille. Deux heures s’étaient écoulées depuis le couvre-feu, qu’on sonnait alors à sept heures du soir ; et tout, dans cet ancien temps, s’allait coucher, excepté les gens que la dévotion, des devoirs ou des parties de débauche tenaient éveillés. De ces trois occupations, comme on était au soir du mardi gras, ou comme on dit en Écosse, à la veille du jeûne, le plaisir attirait le plus de monde.

Le menu peuple s’était, tout le jour, fatigué, harassé au ballon ; les nobles et les seigneurs avaient assisté à des combats de coqs