Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/185

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Catherine se hâta de répondre, car il y avait quelque chose dans les manières et dans le langage du jeune chef qui lui faisait désirer d’abréger l’entrevue.

« Éachin, dit-elle, puisque Conachar n’est plus votre nom. vous devez sentir qu’en demandant honnêtement un service à mon égal, je me doutais peu que je m’adressais à un personnage d’une puissance et d’une qualité si supérieures. Vous, aussi bien que moi, nous sommes redevables à ce digne homme d’instructions religieuses… Il court à présent un grand danger ; des gens infâmes l’ont accusé de crimes qui n’existent pas, et il désire rester en sûreté, et dans une profonde retraite jusqu’à ce que la tempête soit passée. — Ah ! le bon religieux Clément ? Oui, le digne religieux fit beaucoup pour moi, et plus que mon sauvage naturel n’en pouvait profiter. Je serai charmé de voir des habitants de Perth persécuter un homme qui a tenu le manteau de Mac-Jan ! — Il pourrait n’être pas sûr de s’y fier trop, dit Catherine ; je ne doute pas des forces de votre tribu, mais Douglas le Noir se déclare votre ennemi, et les ondulations du plaid d’un montagnard ne l’effarouchent point. »

Le fils de la montagne déguisa par un sourire forcé le mécontentement que lui causèrent ces paroles.

« Le moineau, vu de près, dit-il semble plus grand que l’aigle perché sur Bengoile. Vous craignez beaucoup les Douglas parce qu’ils sont près de vous. Croyez ce que vous voudrez. Vous ne savez point combien nos collines, nos vallées, nos forêts, s’étendent loin derrière la sombre barrière de ces montagnes, et vous croyez que tout le monde est sur les bords du Tay. Mais ce bon religieux verra des cavernes qui pourront le cacher, quand tous les Douglas seraient à sa poursuite… Oui, et il verra aussi assez de guerriers pour les faire reculer encore une fois jusqu’au sud des monts Grampians… et pourquoi ne viendriez-vous pas aussi, Catherine, avec votre excellent père ? J’enverrai une troupe pour l’amener de Perth en sûreté, et nous continuerons le vieux commerce par delà le lac Tay… Seulement je ne taillerai plus de gants : je fournirai les peaux à votre père, mais je ne les couperai plus, sinon sur le dos de l’animal. — Mon père viendra un jour voir votre habitation, Conachar… je veux dire Hector… mais il faudra que le pays soit plus tranquille, car il règne quelque mésintelligence entre les citoyens de la ville et les gens des nobles ; et on parle d’une guerre au milieu des montagnes. — Oui, par