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LE JOUR
DE SAINT-VALENTIN,
OU
LA JOLIE FILLE DE PERTH.



CHAPITRE PREMIER.

DESCRIPTION.


Vois le Tibre, s’écriait le fier Romain, contemplant le large Tay du côté de Beglie ; mais où est l’Écossais qui, en retour de sa vanterie, donnerait au Tibre nain le nom de Tay[1] ?
Anonyme.


Parmi toutes les provinces d’Écosse, si on demandait à un étranger intelligent de désigner la plus variée et la plus belle, il est probable qu’il nommerait le comté de Perth. Un homme né dans tout autre district, quoique sa partialité pût l’entraîner à mettre au premier rang son comté natal, placerait au second, sans contredit, celui de Perth, et donnerait ainsi aux habitants le droit de prétendre, préjugé à part, que le Perthshire forme la plus belle portion de la Calédonie. Il y a long-temps que lady Marie Worthley Montague, avec ce goût excellent qui caractérise ses écrits, disait que la partie la plus intéressante d’un pays, celle où se déploient le mieux les beautés sans nombre de la nature, c’est l’endroit où les montagnes descendent vers une certaine étendue de pays plat. Là se trouvent les plus pittoresques, sinon les plus hautes montagnes. Les rivières se frayent une route à travers la région montagneuse par des chutes sauvages, et s’élancent par les défilés les plus romantiques. Au-dessus, la végétation d’un climat et d’un sol plus heureux se mêle à la magnificence caractéristique des montagnes ; des bois, des bosquets, des taillis en profusion, revêtent le bas de ces hauteurs, gravissent

  1. Le Tay est une des principales rivières d’Écosse, qui prend sa source dans les montagnes d’Athol, et passant par Dunkeld, Perth, et Dundee, se jette dans la mer du Nord. Il y a sur cette rivière une pêcherie très-abondante.

    On prétend que les soldats romains s’écrièrent en voyant le Tay : Ecce Tiberius ! Mais il y a ici une petite difficulté, c’est que les soldats romains n’ont jamais pénétré dans la Calédonie proprement dite. a. m.