Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/169

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rent cette abondance furent concédés à la maison d’Aberbrothock par mes ancêtres, et ce ne fut pas certainement avec l’intention que leur descendant mourût de faim au milieu de ces domaines. Et cela n’arrivera point, par sainte Brigitte ! Mais quant à l’hérésie et à la fausse doctrine, » ajouta-t-il en frappant de sa large main la table du conseil, « qui oserait en soupçonner Douglas ? Je ne voudrais pas voir brûler de pauvres gens pour de mauvaises pensées ; mais ma main et mon épée sont toujours prêtes à protéger la foi chrétienne. — Milord, je n’en doute pas, dit le prieur ; il en fut toujours de même dans votre noble famille. Quant aux plaintes de l’abbé, on peut les remettre à demain ; mais ce que nous demandons aujourd’hui, c’est qu’on charge quelqu’un des principaux seigneurs de l’État pour se joindre à d’autres seigneurs relevant de la sainte Église, afin de défendre en cas de besoin, par la force des armes, les perquisitions que vont faire le révérend official des frontières et d’autres graves prélats, dont je suis l’indigne collègue, pour découvrir la source des nouvelles doctrines qui égarent maintenant les simples et dépravent la pure et précieuse foi approuvée par le saint-père et par ses révérends prédécesseurs. — Que le comte de Douglas ait une commission royale à cet effet, dit Albany, et que tous soient soumis à sa juridiction sans exception aucune, hormis la personne du roi. Pour ma part, quoique ma conscience m’assure que je n’ai, ni par pensée ni par action, encouragé une doctrine que la sainte Église n’a point sanctionnée, je rougirais de réclamer un privilège en ma qualité de prince du sang, et de paraître chercher un refuge contre ce crime si abominable. — Cette affaire ne me regarde nullement, dit Douglas ; marcher contre les Anglais et le traître comte de Dunbar, est une tâche qui me suffit. D’ailleurs je suis un vrai Écossais, et je ne souffrirai aucune chose qui puisse faire courber la tête de l’Église d’Écosse sous le joug romain, ou faire baisser la couronne d’un baronnet devant la mitre et le capuchon. Mettez donc, très-noble duc d’Albany, votre propre nom dans la commission ; et je prie Votre Grâce de tempérer le zèle des membres de la sainte Église, afin qu’aucun acte ne soit entaché de fanatisme ; car l’odeur d’un fagot brûlé sur le Tay ramènerait Douglas des murs d’York. »

Le duc se hâta d’assurer au comte que la commission serait exercée avec douceur et modération.

« Sans contredit, dit le roi Robert, la commission doit beau-