Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/163

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ronne d’Écosse avait besoin d’un sage conseil ou d’un courageux fait d’armes ; j’espère que vous nous tirerez de cet embarras. — Je puis seulement m’étonner que cet embarras existe, milord, répondit l’orgueilleux Douglas ; quand on me confia la lieutenance du royaume, quelques-uns de ces clans sauvages descendirent des Grampians. Je n’importunai pas le conseil à ce sujet, mais j’enjoignis au shériff lord Ruthven de monter à cheval avec les forces du Carse… les Hay, les Lindsay, les Ogilvie et autres gentilshommes. Par sainte Brigitte ! quand les jaquettes d’acier frisèrent les plaids, les coquins surent à quoi les lances étaient bonnes, et si les sabres avaient des pointes ou non. Il y eut quelque trois cents de leurs meilleurs bonnets, outre celui de leur chef Donald-Cormac[1], qui restèrent dans le marais de Thorn et dans le bois de Rochinroy : autant furent pendus à la montée de Houghman, qui conserve encore le nom qu’on lui a donné à cette époque. Voilà comme on agit avec les brigands dans mon pays ; et si de plus doux moyens réussissaient mieux avec ces bandits, ne blâmez point Douglas d’avoir dit son opinion… Vous souriez, milord de Rothsay : puis-je vous demander comment je suis une seconde fois devenu l’objet de vos railleries, avant d’avoir pu répliquer à la première que vous m’avez adressée ?… — Voyons, ne vous fâchez pas, mon bon lord de Douglas, répondit le prince ; je souriais seulement en pensant que votre suite de prince diminuerait, si chaque brigand était traité comme les pauvres montagnards à la montée de Houghman. »

Le roi intervint encore, pour empêcher le comte de répondre avec colère. « Votre Seigneurie, dit-il à Douglas, nous engage sagement à prendre les armes, lorsque les ennemis s’avanceront en rase campagne contre mes sujets ; mais la difficulté est de mettre un terme à leur désordre tant qu’ils restent cachés dans leurs montagnes. Je n’ai pas besoin de vous dire que le clan Chatlan et le clan Quhele forment de grandes confédérations, composées chacune de diverses tribus qui font bande ensemble, chacune pour soutenir leur ligue séparée, et qu’ils ont eu dernièrement des dissensions où le sang a coulé, lorsqu’ils se sont rencontrés les uns les autres, soit individuellement, soit par troupes. Tout le pays est déchiré par leurs haines continuelles. — Je ne vois point un grand mal à cela, dit Douglas ; les brigands s’entredétruiront, et les daims de la montagne se multiplieront à mesure

  1. Quelques autorités ne placent ce combat qu’en 1415. w. s.