Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/161

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de notre conseil… Et maintenant, aux affaires, milords… Notre premier objet à considérer doit être cette désunion des montagnards. — Désunion entre le clan Chattan et le clan Quhele, dit le prieur, qui, comme les derniers avis de nos frères de Dunkeld nous en informent, est prête à se changer en une guerre plus formidable que toutes celles qui ont jamais éclaté parmi ces fils de Bélial qui ne parlent de rien moins que de s’entre-détruire. Les forces s’assemblent des deux côtés, et pas un homme, ne fût-il parent qu’au dixième degré, ne doit se ranger sous l’étendard de sa tribu, sous peine d’être puni par le fer et la flamme. La fameuse croix de feu a volé dans toutes les directions comme un météore, et réveillé des tribus barbares et inconnues au delà du lointain Murraw Firth… Puissent le ciel et saint Dominique nous protéger !… Mais si Vos Seigneuries ne peuvent trouver de remède au mal, il se répandra comme un torrent, et le patrimoine de l’Église sera sur tous les points exposé à la fureur des Amalécites, chez qui se trouve aussi peu de respect pour le ciel que de pitié ou d’affection pour les voisins… Puisse Notre-Dame veiller sur nous !… On dit que certains d’entre eux sont encore de vrais païens et adorent Mahound et Termagant. — Milords et parents, dit Robert, on vient de vous exposer l’imminence du péril, et vous pouvez désirer connaître mon opinion avant d’énoncer celle que votre sagesse vous suggérera. Et en vérité, le meilleur remède qui se présente à mon esprit est d’envoyer deux commissaires avec nos pleins pouvoirs pour arranger ces différends, et en même temps ordonner à ces montagnards, sous peine d’avoir à en répondre devant la loi, de déposer les armes et de s’abstenir de tout acte de violence les uns à l’égard des autres. — J’approuve la proposition de Votre Grâce, dit Rothsay ; et j’espère que le bon prieur ne refusera point l’honneur d’entreprendre cette mission pacifique ; et son révérend frère l’abbé du couvent des Chartreux briguera sans doute un glorieux emploi, qui ajoutera certainement deux très-éminentes recrues à la nombreuse armée des martyrs, puisque les Highlanders regardent peu à la différence qui existe entre clerc et laïque dans les ambassades que vous leur envoyez. — Mon royal lord Rothsay, dit le prieur, si je suis destiné à la sainte couronne du martyre, je serai indubitablement conduit sur le chemin par où je dois l’obtenir. Cependant, si vous parlez ainsi par plaisanterie, puisse le ciel vous pardonner et vous donner assez de lumière