Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/159

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de le faire, de ce que Douglas est aussi loyal qu’il est puissant. Il est un temps où les sujets, dans tout pays, s’élèvent contre la loi ; nous avons entendu parler des insurgés de la Jacquerie, en France, et de Jack Straw, de Bob Miller et de Parson Ball, en Angleterre, et nous pouvons croire qu’il y a en Écosse assez de combustibles pour allumer un tel incendie, si l’étincelle tombait sur nos frontières. Quand je vois des paysans querellant des nobles, et clouant des mains de seigneur à la croix de leur cité, je ne dirai pas que je crains la rébellion, car ce serait faux, mais je la prévois, et je me tiendrai prêt à la repousser. — Et pourquoi, » dit à son tour le comte de March, « pourquoi milord de Douglas dit-il que ce défi est fait par des rustres ? Je vois ici le nom de sir Patrick Charteris, qui, je pense, n’est pas du sang des rustres. Douglas lui-même, puisqu’il prend la chose si chaudement, peut ramasser le gantelet de sir Patrick sans souiller son honneur. — Milord de March, répliqua Douglas, devrait parler de ce qu’il sait. Je ne fais pas injure au descendant du Corsaire Rouge, quand je dis qu’il est trop léger pour être pesé avec un Douglas ; l’héritier de Thomas Randolph pourrait avoir meilleur droit à ce qu’on lui répondît. — Et, par mon honneur, ce ne sera point faute à moi de demander cette grâce, » dit le comte de March en tirant son gant.

« Arrêtez, milord, dit le roi, ne nous faites pas une si forte injure que de porter votre haine jusqu’à vous défier à mort devant votre souverain ; mais plutôt offrez amicalement votre main dégantée au noble comte, et embrassez-vous en signe de mutuelle soumission à la couronne d’Écosse. — Non, mon souverain, répondit March ; Votre Majesté peut m’ordonner de reprendre mon gantelet ; car il est à vos ordres, aussi bien que toute mon armure, tant que je tiens mon comté de la couronne d’Écosse ; mais quand je serrerai la main de Douglas, ce sera avec une main couverte de fer… Adieu, mon souverain ; mes conseils ne servent de rien ici, et ceux d’autres personnes sont si favorablement reçus, que peut-être un plus long séjour ici serait dangereux pour ma sûreté. Puisse Dieu garder Votre Altesse d’ennemis déclarés et de traîtres amis… Je pars pour mon château de Dunbar, d’où je pense que vous recevrez bientôt de mes nouvelles… Adieu, milords d’Albany et Douglas ; vous jouez gros jeu, tâchez de bien jouer… Adieu, pauvre prince inconsidéré qui badines comme un daim entre les griffes d’un tigre… Adieu à tous… George de