Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/158

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« Lisez, dit-il, bon père prieur, et débarrassez-nous de ce objet hideux. »

Le prieur lut un placard conçu en ces termes :

« Considérant que la maison d’un citoyen de Perth a été forcée la nuit dernière, veille de la Saint-Valentin, par d’infâmes coureurs de nuit, appartenant à quelque bande d’étrangers, aujourd’hui résidant en la jolie cité ; considérant en outre que cette main a été coupée à un de ces vils libertins dans l’engagement qui s’ensuivit, le prévôt et les magistrats ont ordonné qu’elle serait clouée à la croix, au déshonneur et mépris de ceux qui ont occasionné la querelle, et si quelqu’un de naissance noble ose dire que le présent acte est injustement fait, moi Patrick Charteris de Kinfauns, chevalier, je justifierai ce cartel avec des armes de chevalier, dans la lice, ou si quelqu’un de naissance basse dément ce que nous disons ici, il ira sur le terrain avec tel citoyen de la jolie cité de Perth que son rang exigera ; et ainsi, Dieu et saint Jean protègent la jolie cité !… — Vous ne serez pas étonné, milord, reprit Douglas, d’apprendre que, quand mon aumônier m’eut lu le contenu d’une affiche si insolente, j’envoyai un de mes écuyers détacher ce trophée déshonorant pour la chevalerie et la noblesse d’Écosse. Sur quoi, il me semble que plusieurs de ces effrontés bourgeois ont pris la liberté de huer ou d’insulter l’arrière-garde de mon escorte. C’est alors que mes gens ont tourné leurs chevaux contre eux et auraient bientôt terminé la querelle, si je n’avais ordonné positivement qu’on me suivît en paix, autant que le permettrait la canaille. C’est ainsi qu’ils sont entrés dans la cour comme des fuyards ; quand, sur notre ordre de repousser la force par la force, ils eussent mis le feu aux quatre coins de ce misérable bourg, ou auraient étouffé ces rustres insolents comme de jeunes renards dans un tas de bruyère en feu. »

Il se fit un moment de silence, lorsque Douglas eut fini de parler, jusqu’à l’instant où le duc de Rothsay répondit, en s’adressant à son père :

« Puisque le comte de Douglas a le pouvoir de brûler la ville où Votre Grâce tient sa cour, aussitôt que le prévôt et lui sont en querelle à propos d’un tapage nocturne, ou des termes d’un cartel, certainement nous devons tous être reconnaissants qu’il n’ait pas eu la volonté de le faire. — Le duc de Rothsay, » dit Douglas, qui semblait résolu à garder son sang-froid, « pourrait avoir des raisons pour rendre grâces au ciel d’un ton plus sérieux qu’il vient