Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/156

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prunté. En général, on pouvait forcer sa volonté, mais on lui ôtait rarement la dignité de ses manières. Il reçut Albany, Douglas, March et le prieur, membres mal assortis de ce conseil hétérogène, avec un mélange de courtoisie et de dignité qui rappela à chacun de ces pairs orgueilleux qu’il se trouvait en présence de son souverain.

Après avoir reçu leurs salutations, le roi leur ordonna de s’asseoir, et ils obéissaient à cet ordre, lorsque Rothsay entra ; il s’avança gracieusement vers son père, et s’agenouillant sur le tabouret où le roi avait posé ses pieds, il lui demanda sa bénédiction. Robert, avec un visage où la tendresse et le chagrin étaient mal déguisés, s’efforça de prendre un air de reproche en posant la main sur la tête du jeune prince, et dit avec un soupir : « Dieu te bénisse, fils inconsidéré, et te rende plus sage pour l’avenir ! — Amen, mon très-cher père ! » répondit Rothsay d’un ton de sensibilité qui lui était assez naturel dans ses bons moments. Il baisa alors la main royale avec le respect d’un fils et d’un sujet, et au lieu de prendre place à la table du conseil, il resta debout derrière le fauteuil du roi, de manière à pouvoir, quand il le voudrait, parler bas à l’oreille de son père.

Le roi fit alors signe au prieur de Saint-Dominique de s’asseoir à la table sur laquelle se trouvaient papier, plumes et encre, dont le religieux seul, parmi toutes les personnes présentes, Albany excepté, savait se servir. Le roi exposa alors le motif de la réunion, en disant avec beaucoup de dignité :

« Notre délibération, milords, doit rouler sur les malheureuses dissensions qui éclatent dans les Highlands, et qui, à ce que nous apprenons par nos derniers courriers, viennent porter le ravage et la dévastation dans le pays, même jusqu’à peu de milles de notre cour. Mais tout imminent que soit ce péril, notre mauvaise fortune et les instigations d’hommes pervers en ont suscité encore plus près de nous, en semant des disputes et des querelles entre les citoyens de Perth et les gens qui suivent Vos Seigneuries, ainsi que d’autres nobles et chevaliers. Je dois donc d’abord m’adresser à vous, milords, pour savoir pourquoi notre cour est troublée par ces inconvenants débats, et par quels moyens on les doit réprimer… Frère d’Albany, dites-nous d’abord votre opinion sur l’affaire. — Sire, mon royal souverain et frère, dit le duc, me trouvant auprès de votre personne quand le tumulte a commencé, je n’en connais pas la cause. — Et quant à moi, dit le prince, le