Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 22, 1838.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trels et des pèlerins que vos paysans des comtés d’York et de Nottingham ont secoué le joug des lois, et se sont rassemblés en bandes nombreuses, commandées par un vaillant archer, nommé Robin-Hood, et son lieutenant Petit-Jean. Il me semble qu’il vaudrait mieux que Richard se relâchât sur le code forestier en Angleterre, que de le faire mettre en vigueur dans la Terre-Sainte.

— Pure extravagance ! sir Kenneth, » reprit de Vaux en haussant les épaules comme quelqu’un qui voudrait éviter un sujet désagréable et dangereux… « Nous vivons dans un monde de fous, beau sire… Mais il faut que je vous dise adieu, étant obligé de retourner au pavillon du roi. À l’heure des vêpres, avec votre permission, je me rendrai de nouveau dans votre quartier, et je m’entretiendrai avec ce médecin maure… En même temps, si vous le permettez, je serais bien aise de vous envoyer quelques bagatelles pour varier votre ordinaire.

— Grand merci, milord, dit Kenneth, mais il n’en est pas besoin… Roswall a déjà pourvu à ma cuisine pour quinze jours : car si le soleil de la Palestine nous apporte des maladies, il sert aussi à sécher la venaison. »

Les deux cavaliers se séparèrent beaucoup meilleurs amis qu’ils ne s’étaient abordés : mais avant de quitter sa nouvelle connaissance, Thomas de Vaux se fit expliquer avec plus de détails les circonstances de la mission du médecin oriental, et reçut du chevalier écossais les lettres de créance qu’il avait apportées au roi Richard de la part de Saladin.


CHAPITRE VIII.

L’ÉPREUVE.


Un sage médecin, habile à guérir nos blessures, est plus utile que des armées au bonheur du genre humain.
Iliade.


Voilà un étrange récit, sir Thomas, » dit le monarque malade, après avoir entendu le rapport du fidèle baron de Gilsland. « Es-tu sûr que cet Écossais soit un homme franc et loyal ?

— Je ne saurais vous dire, milord, reprit le jaloux anglais… J’ai vécu un peu trop près des Écossais pour supposer beaucoup de