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pliqua de Vaux ; et je m’exposerais volontiers au risque de vous en voir faire cet usage ; il serait fort à désirer pour la chrétienté, aux dépens des jours de Thomas Multon, que Richard fût redevenu lui-même.

— Mon brave et fidèle serviteur, » dit Richard en tendant la main au baron, qui la baisa respectueusement, « pardonne à ton maître cette irritation de caractère ; c’est à cette fièvre dévorante que tu dois t’en prendre, et non à ton bon souverain, Richard d’Angleterre. Mais, va, je t’en conjure, et reviens me dire quels sont les étrangers arrivés dans le camp, car ces sons-là n’appartiennent pas à la chrétienté. »

De Vaux laissa le pavillon pour remplir la commission dont il était chargé, et en son absence, qu’il résolut de rendre aussi courte que possible, il recommanda aux pages et aux domestiques de la chambre de redoubler de vigilance auprès de leur souverain, en les menaçant de les rendre responsables de ce qui pourrait arriver ; mais cette menace augmenta plutôt qu’elle ne guérit la timidité avec laquelle ils remplissaient leur devoir ; car, après la colère du monarque lui-même, ce qu’ils redoutaient le plus au monde était celle du sévère et inexorable lord Gilsland.


CHAPITRE VII.

LE MÉDECIN MAURE.


Jamais les Écossais et les Anglais ne vinrent à se rencontrer sur un point des frontières sans qu’on y ait vu couler les rouges torrents de sang, comme l’eau des pluies coule dans les rues de nos villes.
La Bataille d’Otterbourne.


Une foule considérable de guerriers écossais s’était jointe aux croisés, et s’était placée naturellement sous les ordres du monarque anglais, étant, comme ses propres troupes, d’origine normande et saxonne, parlant le même langage, et quelques uns d’entre eux possédant des domaines en Angleterre aussi bien qu’en Écosse, et ayant formé des alliances dans le premier de ces pays. Ce ne fut que dans le siècle suivant que l’ambition excessive d’Édouard Ier donna un caractère d’animosité mortelle aux guerres des deux na-