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qu’un enfant. En s’éveillant le matin, il eut avec le solitaire une longue conférence sur des intérêts importants ; et le résultat de cet entretien le força de prolonger de deux fois vingt-quatre heures son séjour dans la caverne. Durant cette intervalle, il remplit régulièrement, ainsi qu’il convenait à un pèlerin, ses exercices de dévotion ; mais il ne fut plus admis dans la chapelle où il avait été témoin de choses si merveilleuses.


CHAPITRE VI.

LA TENTE DE RICHARD.


Maintenant la scène change ; que les trompettes tonnent, car nous allons réveiller le lion dans son antre.
Vieille comédie.


La scène va changer, comme vient de l’annoncer notre épigraphe, et se transporter du désert montagneux du Jourdain au camp de Richard d’Angleterre, établi alors entre Saint-Jean-d’Acre et Ascalon. Ce camp renfermait l’armée avec laquelle Cœur-de-Lion s’était promis de marcher en triomphe à Jérusalem, entreprise dans laquelle il aurait probablement réussi s’il n’en avait été empêché par la jalousie des princes chrétiens engagés dans la même expédition, et par le ressentiment qu’ils avaient conçu de l’orgueil sans frein du monarque anglais, ainsi que du mépris qu’il témoignait à des souverains ses égaux pour le rang, mais ses inférieurs en courage, en résolution et en talents militaires. De telles mésintelligences, et surtout celles qui régnaient entre Richard et Philippe de France, avaient fait naître des disputes et des obstacles qui avaient entravé toutes les mesures énergiques proposées par l’héroïque, mais impétueux Richard. D’un autre côté, l’armée des croisés était journellement diminuée, non seulement par la désertion d’individus, mais par celle de corps entiers commandés par leurs chefs suzerains, qui se retiraient d’une guerre dans laquelle ils n’avaient plus d’espoir de succès.

Les effets du climat devinrent, comme il arrive ordinairement, funestes à des soldats du Nord, d’autant que la licence et la débauche à laquelle se livraient les croisés, contraste frappant avec les principes qui leur avaient fait prendre les armes, les rendaient plus facilement victimes de l’influence insalubre des chaleurs brûlantes