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le résultat de tout ce qu’il voyait. Il lui sembla qu’une procession allait paraître. Quatre jeunes garçons, d’une grande beauté, dont les bras, le cou et les jambes, restés nus, offraient la teinte bronzée de l’Orient et contrastaient avec les blanches tuniques dont ils étaient vêtus, entrèrent d’abord deux à deux. Le premier couple portait des encensoirs qu’ils agitaient devant eux, et qui ajoutaient de nouveaux parfums à ceux qui embaumaient déjà la chapelle. Le second couple joncha le pavé de fleurs.

Après eux venaient dans un ordre majestueux et imposant les femmes qui composaient le chœur. Six d’entre elles, à leurs noirs scapulaires et à leurs voiles noirs qui retombaient sur leurs blanches robes, paraissaient être des religieuses professes de l’ordre du Mont-Carmel, et un semblable nombre portaient des voiles blancs qui annonçaient qu’elles étaient des novices, ou qu’elles habitaient le cloître sans y être encore liées par aucun vœu. Les premières tenaient entre leurs mains de grands rosaires, tandis que les vierges plus jeunes et plus agiles qui les suivaient portaient chacune un chapelet de roses blanches et de roses rouges. Elles firent en procession le tour de la chapelle, sans paraître accorder la plus légère attention à sir Kenneth, quoiqu’elles passassent assez près de lui pour que leurs robes le touchassent presque. Pendant qu’elles continuaient leurs chants, le chevalier se persuada tout-à-fait qu’il était dans un de ces cloîtres où de nobles filles chrétiennes s’étaient ouvertement dévouées au service de Dieu. La plupart de ces couvents avaient été supprimés depuis que les mahométans avaient reconquis la Palestine ; mais plusieurs des religieuses ayant obtenu par des présents que les vainqueurs fermassent les yeux sur leur existence, ou étant peut-être l’objet de leur clémence et même de leur mépris, continuaient encore d’observer secrètement les rites auxquels leurs vœux les avaient consacrées. Quoique sir Kenneth sût bien qu’il en était ainsi, la solennité de l’heure et du lieu, la surprise que lui avait causée l’aspect soudain de ces religieuses, et la manière dont elles venaient de passer près de lui, et qui ressemblait tant à l’étrange vision d’un rêve, tout cela cependant eut tant de puissance sur son imagination, qu’il eut de la peine à se persuader que la majestueuse apparition qu’il contemplait était formée de créatures de ce monde : elle lui représentait plutôt un chœur d’êtres célestes, rendant hommage à l’objet des adorations universelles.

Telle fut la première idée du chevalier quand le cortège passa