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nous-mêmes le fondateur de ta religion, tout en condamnant la doctrine que vos prêtres lui ont prêtée. Je te conduirai à la grotte de l’ermite que, sans mon secours, tu aurais, ce me semble, quelque peine à atteindre : chemin faisant, laissons aux mollahs et aux moines toute discussion sur les dogmes de notre foi, et occupons-nous de sujets qui conviennent mieux à de jeunes guerriers. Parlons de vaillants faits d’armes, des charmes des belles, de bonnes épées et d’armures éclatantes. »


CHAPITRE III.

L’ERMITE.


Il se sentit frappé d’une grande terreur, et son cœur se glaça de crainte et d’effroi. Il ne savait que penser de ce spectacle, ni ce qu’il devait dire, ni ce qu’il devait faire. Tantôt il soupçonnait qu’une illusion magique abusait ses sens, tantôt qu’une âme errante implorait la sépulture : peut-être un esprit aérien avait-il pris cette forme, peut-être était-ce quelque démon de l’enfer, évoqué par une science diabolique.
Spencer.


Les guerriers se préparèrent à quitter le lieu où ils venaient de prendre leur simple repas et de jouir d’un court moment de repos. Ils se prêtèrent avec courtoisie un secours mutuel pour rajuster les harnais et l’équipement dont ils avaient un instant débarrassé leurs fidèles coursiers. Tous deux semblaient familiarisés avec une occupation qui, dans ce temps, faisait partie d’un devoir indispensable. Tous deux aussi semblaient, autant du moins que le permettait la différence qui existe entre l’animal et la créature raisonnable, posséder la confiance et l’attachement du cheval qui était le compagnon constant des fatigues et des dangers de son maître. Quant au Sarrasin, cette intime familiarité faisait partie de ses premières habitudes ; car, dans les tentes des tribus militaires de l’Orient, le cheval d’un guerrier prend place immédiatement après sa femme et sa famille, à laquelle même il n’est pas toujours inférieur en importance ; et quant à l’Européen, les circonstances et la nécessité faisaient de son cheval de bataille presque son frère d’armes. Les braves cour-