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CHAPITRE XXVII.

LE COMBAT.


Nous entendîmes le techir : c’est ainsi que les Arabes appellent leur cri de bataille, lorsque par de bruyantes acclamations ils invoquent le ciel pour en obtenir victoire.
Hughes. Siège de Damas.


Le lendemain matin, Richard fut invité à une conférence par Philippe de France ; celui-ci, tout en employant les expressions de la plus haute estime pour son frère d’Angleterre, lui communiqua en termes très positifs son intention de retourner en Europe pour s’occuper des soins que réclamait son royaume. Il lui dit qu’il désespérait entièrement du succès de leur entreprise, d’après la diminution de leurs forces et les discordes civiles qui les partageaient. Richard essaya vainement de le dissuader, et la conférence finie, il reçut sans surprise un manifeste signé du duc d’Autriche et de plusieurs autres princes, exprimant sans aucun ménagement une résolution semblable à celle de Philippe. Ils y déclaraient que leur abandon de la sainte cause était occasioné par l’ambition démesurée et le despotisme de Richard d’Angleterre. Tout espoir de continuer la guerre avec quelque chance de succès s’évanouissait ainsi. Richard versa des larmes amères sur la perte de ses espérances de gloire ; sa douleur était rendue plus vive encore par la pensée que, s’il devait renoncer à son vœu le plus cher, il fallait l’attribuer en partie aux avantages que son imprudence et son impétuosité avaient donnés sur lui à ses ennemis.

« Ils n’auraient pas osé abandonner mon père de la sorte, » dit-il à de Vaux dans l’amertume de son dépit ; « aucune des calomnies qu’ils auraient pu répandre contre un roi si sage n’aurait été accueillie dans la chrétienté ; tandis que moi, insensé que je suis, non seulement je leur ai fourni un prétexte pour m’abandonner, mais même pour rejeter tout le blâme de la rupture de cette alliance sur mes funestes défauts ! »

Ces réflexions aigrissaient à un tel point le chagrin du roi que de Vaux se réjouit lorsque l’arrivée d’un ambassadeur de Saladin le força de donner un autre cours à ses pensées.

Ce nouvel envoyé était un émir très estimé du soudan, et qui se