Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 22, 1838.djvu/274

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pour toi, William, tu ne dois pas venir mêler ta longue épée dans cette querelle sans notre consentement spécial.

— Puisque mon rang me rend arbitre dans cette malheureuse affaire, reprit Philippe de France, je fixe le cinquième jour pour celui du jugement par combat, suivant l’usage de la chevalerie. Richard, roi d’Angleterre, paraîtra comme appelant représenté par son champion, et Conrad, marquis de Montferrat, en propre personne, comme défendant. Cependant je ne sais quel terrain neutre indiquer pour décider une telle querelle, car il ne faut pas que ce combat ait lieu dans le voisinage du camp où les soldats sont en faction de tous les côtés.

— Nous ferions bien, dit Richard, d’avoir recours à la générosité du roi Saladin ; car, tout païen qu’il est, je n’ai jamais vu de chevalier plus noble, ni à la bonne foi duquel nous puissions le plus entièrement nous confier. Je parle ainsi pour ceux qui peuvent craindre quelque accident. Quant à moi, mon champ clos c’est l’endroit où je trouve mon ennemi.

— Qu’il en soit ainsi, dit Philippe ; nous communiquerons cette affaire à Saladin, quoique ce soit montrer à un ennemi le malheureux esprit de discorde que je voudrais qu’il fût possible de nous cacher à nous-mêmes. En attendant, l’assemblée est dissoute ; et je vous recommande à tous, comme chrétiens et nobles chevaliers, de ne pas souffrir que cette malheureuse querelle engendre d’autres disputes dans le camp, mais de la regarder comme étant solennellement référée au jugement de Dieu, que chacun de vous doit prier de décider de la victoire suivant la vérité et le bon droit : sur quoi puisse sa volonté être faite !

Amen ! amen ! » répondit-on de tous côtés, tandis que le templier disait tout bas au marquis : « Conrad, n’ajouteras-tu pas une prière pour être délivré du chien, comme dit le psalmiste ?

— Paix, paix ! lui dit le marquis, il existe un démon indiscret qui pourrait publier entre autres nouvelles de quelle manière tu suis la devise de ton ordre, Feriatur leo.

— Tu soutiendras le choc du combat ? demanda le templier.

— N’en doute pas, répondit Conrad. À la vérité, je n’aurais pas volontiers affronté le bras de fer de Richard, et je n’ai pas de honte d’avouer que je me réjouis d’en être délivré. Mais, à compter de son frère bâtard, il n’existe pas un homme dans ses rangs avec qui je craigne de me mesurer.

— Il est heureux que tu aies tant de confiance, reprit le tem-