Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 22, 1838.djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— On peut le rencontrer un jour de bataille, à la tête de ses troupes, » dit le chevalier dont les yeux brillaient d’espoir à cette pensée.

« On est toujours sûr de le rencontrer là, et il n’est pas habitué à détourner la tête de son cheval quand un brave ennemi lui offre le combat… Mais ce n’est pas du soudan que je voulais te parler. En un mot, si ce peut être une satisfaction pour toi que de faire connaître à Richard le brigand qui vola la bannière d’Angleterre, je puis te donner les moyens d’accomplir cette œuvre ; c’est-à-dire si tu veux te laisser guider, car Lockman a dit : « Si l’enfant veut marcher, il faut que la nourrice le conduise, et si l’ignorant veut comprendre, il faut qu’il écoute les instructions du sage. »

— Et tu es un sage, Ilderim, quoique Sarrasin, et généreux quoique infidèle ; j’ai des preuves de l’un et de l’autre. Dirige-moi donc dans cette affaire, et pourvu que tu ne me demandes rien qui soit contraire à ma loyauté et à ma foi de chrétien, je t’obéirai ponctuellement. Enseigne ce que tu me promets, et prends ma vie quand l’œuvre sera accomplie.

— Écoute-moi donc, dit le Sarrasin, ton noble chien est maintenant guéri par l’effet bienfaisant de cette médecine divine qui guérit les hommes et les animaux, et sa sagacité te fera découvrir ceux qui l’ont assailli.

— Ah ! il me semble que je te comprends ; je ne sais comment je ne pensais point à cela.

— Mais, dis-moi, n’as-tu dans le camp aucun serviteur ou écuyer duquel cet animal puisse être reconnu ?

— Au moment où je m’attendais à recevoir la mort, j’ai envoyé en Écosse, avec des lettres pour mes amis, mon vieil écuyer (ton malade), et le varlet qui me servait… Il n’y a aucune autre personne qui connaisse le chien… Mais ma personne est bien connue… Ma voix seule suffirait pour me trahir dans un camp où je n’ai pas joué le dernier rôle pendant plusieurs mois.

— Tu seras déguisé, ainsi que lui, de manière à échapper au plus rigoureux examen… Je te le répète, ton frère d’armes même, ton propre frère, ne te reconnaîtrait pas si tu te laisses guider par mes conseils. Tu m’as vu faire des choses plus difficiles. Celui qui peut rappeler les mourants des ombres de la mort, peut aisément couvrir d’un nuage les yeux des vivants. Mais écoute : il y a une condition attachée à ce service, c’est que tu remettras une lettre de Saladin à la nièce de Melec-Ric, dont le nom est aussi difficile à