Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 22, 1838.djvu/245

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fut le chevalier écossais, auquel une espèce de majordome on d’intendant de la maison vint annoncer qu’il fallait se lever. Il le fit sans rien répondre, et le suivit au clair de lune là où se tenaient les chameaux, dont la plupart étaient déjà chargés, et dont un seulement était agenouillé en attendant que sa charge fût complète.

Un peu à l’écart des chameaux étaient plusieurs chevaux tout bridés et tout sellés. Le Hakim lui-même parut bientôt et monta sur l’un d’eux avec autant d’agilité que la gravité de son caractère le permettait, puis il en désigna un autre pour être donné à sir Kenneth. Un officier anglais était présent pour les escorter à travers le camp des croisés, et pour assurer leur sûreté. Tout étant ainsi prêt pour leur départ, la tente qu’ils venaient de quitter fut enlevée avec une promptitude merveilleuse, et les poteaux qui la soutenaient, ainsi que la couverture, composèrent la charge du dernier chameau. Le médecin prononça alors d’une voix solennelle ce vers du Coran : « Que Dieu soit notre guide, et Mahomet notre protecteur dans le désert comme dans la prairie fertile ! » et toute la cavalcade se mit en route.

En traversant le camp ils furent reconnus par les différentes sentinelles qui y étaient de garde et qui les laissèrent aller en silence, ou en murmurant quelque malédiction quand ils passaient le poste de quelque croisé plus zélé. À la fin, ils laissèrent derrière eux les dernières barrières, et la troupe se disposa pour la marche avec toutes les précautions militaires. Deux ou trois cavaliers formèrent l’avant-garde, deux ou trois autres restèrent en arrière à une portée d’arbalète pour protéger les derrières, et lorsque le terrain le permettait d’autres se détachaient pour surveiller les flancs. Ils s’avancèrent dans cet ordre, tandis que sir Kenneth jeta un regard sur le camp éclairé par les rayons de la lune. Privé à la fois de son honneur et de sa liberté, il se voyait chassé bien loin de ces bannières éclatantes sous lesquelles il avait espéré obtenir un grand renom ; de ces tentes asile de la chevalerie, de la chrétienté, et de la présence d’Édith Plantagenet.

Le Hakim, qui voyageait à cheval à côté de lui, observa avec le ton solennel qui lui était ordinaire, qu’il n’était pas sage de jeter un regard en arrière quand la route était devant nous, et pendant qu’Adonebec parlait, le destrier du chevalier fit un saut si périlleux qu’il courut le risque de faire l’expérience de cette maxime.

Cet avis obligea l’Écossais à donner plus d’attention à la conduite de son coursier, qui plus d’une fois demanda le secours de la bride