Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 22, 1838.djvu/219

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sera reconquise, nous écrirons sur ses portes, non pas le nom de Richard Plantagenet, mais celui des princes généreux qui lui confièrent les moyens d’en faire la conquête. »

La naïve éloquence et le ton énergique du monarque guerrier ranimèrent le courage défaillant des croisés, réchauffèrent leur dévotion ; et fixant leur attention sur le but principal de leur entreprise, firent rougir la plupart de ceux qui étaient présents de s’être laissé émouvoir par d’aussi futiles sujets de plainte. Le feu de ses regards passa dans tous les yeux, et l’énergie de ses paroles gagna tous les cœurs. Ils firent entendre d’une voix unanime le cri de guerre qui avait répondu aux prédications de Pierre-l’Ermite, et s’écrièrent tous : « Commandez-nous, brave Cœur-de-Lion. Quel chef serait plus digne de guider des braves ! Conduisez-nous à Jérusalem ! À Jérusalem ! Dieu le veut ! Dieu le veut ! Béni soit celui qui prêtera son bras à l’accomplissement de la volonté du Seigneur ! »

Les acclamations qui s’élevèrent d’une manière si subite et si générale furent entendues par la ligne des sentinelles qui gardaient le pavillon et se répandirent bientôt parmi les soldats de l’armée, qui, inactifs et abattus par les effets de la maladie et du climat, avaient commencé, ainsi que leurs chefs, à se relâcher de leur résolution ; mais la réapparition de Richard avec une vigueur nouvelle, et le cri bien connu qu’ils entendaient retentir dans l’assemblée des princes, ranimèrent tout d’un coup leur enthousiasme, et des milliers de voix répondirent par les mêmes acclamations : « Sion ! Sion ! guerre ! guerre ! Au combat ! au combat contre les infidèles ! Dieu le veut ! Dieu le veut ! »

Ces cris du dehors augmentèrent à leur tour l’ardeur guerrière qui régnait dans le pavillon. Ceux qui ne la sentaient pas se ranimer en eux craignirent, du moins pour l’instant, de paraître plus froids que les autres. On ne parla plus que de marcher sur Jérusalem à l’expiration de la trêve, et des mesures qu’il fallait prendre en attendant pour procurer à l’armée des vivres et des renforts. Le conseil se sépara ; tous ses membres paraissaient animés de la même résolution et du même zèle. Mais ce sentiment ne tarda pas à se refroidir dans le cœur de la plupart d’entre eux, tandis qu’il n’avait jamais existé réellement dans les autres.

Parmi ces derniers étaient le marquis de Montferrat et le grand-maître des templiers, qui se retirèrent dans leurs tentes, embarrassés, mécontents des événements du jour.

« Je t’en avais averti, » dit ce dernier avec l’expression froide et