Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 22, 1838.djvu/197

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femmes et aux enfants. À la fin le sage s’adressa au roi lorsqu’il le vit reprendre son sang-froid.

« Un arrêt de mort ne peut sortir des lèvres que le rire épanouit… Permets à ton serviteur d’espérer que tu lui as accordé la vie de cet homme.

— Accepte en place la liberté de mille captifs, rends un pareil nombre de tes compatriotes à leurs tentes et à leurs familles, et j’en donnerai l’ordre à l’instant : mais la vie de cet homme ne peut te servir à rien, et elle est condamnée.

— Nous sommes tous condamnés, » dit Hakim en portant la main à son turban ; « mais celui qui dispose de nos jours est miséricordieux, et il n’exige pas notre tribut avec rigueur et d’une manière prématurée.

— Tu ne peux me prouver que tu aies un intérêt particulier à intercéder pour que j’abandonne l’exécution de la justice qu’en qualité de roi j’ai juré de faire observer.

— Tu as promis de te montrer clément aussi bien que juste : mais en ce moment, grand roi, c’est l’accomplissement de ta propre volonté que tu recherches. Et quant à l’intérêt que je puis avoir dans cette affaire, sache que la vie de plus d’un homme dépend de la grâce que tu vas accorder.

— Explique tes paroles, dit le roi, mais ne cherche pas à m’abuser par de faux prétextes.

— Ton serviteur s’en garderait bien, répondit Adonebec : sache donc que la médecine à laquelle, toi puissant roi, et bien d’autres ont dû leur rétablissement, est un talisman composé sous l’influence de la conjonction de certains astres, à l’heure où les intelligences divines sont le plus favorables. Je ne suis que l’humble mortel chargé d’administrer son efficacité… je la trempe dans l’eau, j’observe l’heure convenable pour la faire prendre au malade, et la puissance de la boisson opère la cure.

— Voilà une rare médecine, dit le roi, et des plus commodes ! et comme elle peut se porter dans la bourse du médecin, elle épargne toute la caravane de chameaux employée ordinairement à transporter des drogues et des médicaments… Je m’étonne qu’on se serve des autres.

— Il est écrit, » répondit Hakim avec une gravité imperturbable : « N’abuse pas du coursier qui t’a rapporté du combat. » Apprends que si l’on peut former de tels talismans, il n’est qu’un petit nombre d’adeptes qui aient osé en essayer la vertu et en en-