Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 22, 1838.djvu/154

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ments… Nectabanus, je le conjure de me dire si tu dois me conduire loin d’ici.

— À ce pavillon qui est là-bas, puisque vous voulez absolument le savoir : et le jour commence à poindre sur la boule d’or qui le surmonte et qui vaut la rançon d’un roi.

— Je puis être de retour dans un instant, » dit le chevalier fermant les yeux en désespéré sur toutes les conséquences de sa démarche. « Je puis entendre de là l’aboiement de mon chien si quelqu’un approche de l’étendard. Je me jetterai aux pieds de ma dame, et je lui demanderai la permission de revenir pour achever ma garde. Ici, Roswall, » s’écria-t-il en appelant son chien, et jetant son manteau à côté de la bannière : « Garde ceci, et ne laisse personne s’en approcher. »

Le noble animal regarda son maître en face, comme pour l’assurer qu’il le comprenait bien, puis vint s’asseoir à côté du manteau, les oreilles dressées et la tête levée comme s’il entendait parfaitement dans quel but il était posté là.

« Maintenant, bon Nectabanus, continua le chevalier, hâtons-nous d’obéir aux ordres que tu m’as apportés.

— Se hâte qui voudra, » dit le nain avec humeur ; « tu ne t’es pas pressé d’obéir à mes ordres, et je ne puis marcher assez vite pour suivre tes longues enjambées. Ce n’est pas là marcher comme un homme, mais sauter comme une autruche du désert. »

Il n’y avait que deux moyens de dompter l’obstination de Nectabanus qui, tout en parlant, avait ralenti son pas, et imitait la marche du limaçon. Quant à des dons, sir Kenneth n’en avait pas à lui faire ; il n’avait pas le temps de le mettre de bonne humeur en le flattant. Dans son impatience, il enleva le nain de terre, et, le portant dans ses bras, malgré ses prières et ses alarmes, il arriva ainsi auprès du pavillon indiqué. En approchant, il vit que ce pavillon était gardé par un petit détachement de soldats assis à terre, ce que lui avaient caché les tentes qui s’élevaient entre eux et le mont Saint-George. S’étonnant que le bruit de son armure n’eût pas encore attiré leur attention, et supposant que maintenant il devait mettre plus de précaution dans ses mouvements, il déposa à terre son guide haletant pour qu’il reprît haleine, et lui indiquât ce qui lui restait à faire. Nectabanus était effrayé et en colère ; mais il s’était senti aussi complètement au pouvoir du robuste chevalier qu’une chouette entre les serres d’un aigle, et ne se souciait pas de le mettre dans le cas de déployer encore une fois ses forces.