Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 22, 1838.djvu/117

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Lorsque ces dignitaires eurent fait les salutations ordinaires, et qu’elles leur eurent été rendues par le roi Richard, le marquis de Montferrat se mit à expliquer les motifs de leur visite : « Ils étaient envoyés, dit-il, par les rois et les princes qui composaient le conseil des croisés, pour s’enquérir de la santé de leur magnanime allié le roi Richard.

— Nous savons l’importance que les princes du conseil attachent à notre santé, répondit le roi anglais, et nous n’ignorons pas tout ce qu’ils ont dû souffrir en réprimant leur intérêt pendant quatorze jours dans la crainte, sans doute, d’aggraver notre maladie en nous montrant toute leur inquiétude sur cet événement. »

L’éloquence du marquis ayant été arrêtée dans son cours par cette réponse, et lui-même en étant un peu confus, son compagnon, plus austère, prit la parole en sa place. Avec une gravité aussi concise et aussi sèche que la bienséance le permettait envers un tel personnage, il apprit au roi qu’ils venaient de la part du conseil le prier, au nom de la chrétienté, de ne pas souffrir que sa santé fût livrée à un médecin infidèle, soi-disant envoyé par Saladin, jusqu’à ce que le conseil eût pris des mesures pour dissiper ou confirmer les soupçons qui s’attachaient pour le moment à la mission de cet individu.

« Grand-maître du saint et vaillant ordre du Temple, et vous, illustre marquis de Montferrat, répondit Richard, s’il vous plaît de vous retirer dans le pavillon adjacent, vous verrez tout à l’heure le cas que nous faisons des bienveillantes remontrances de nos royaux et augustes collègues. »

Le marquis et le grand-maître se retirèrent, en conséquence, et il y avait peu de minutes qu’ils étaient dans le pavillon extérieur, quand le médecin oriental arriva, accompagné du baron de Gilsland et de sir Kenneth. Le baron, cependant, resta un moment en arrière, s’étant arrêté, sans doute, pour donner des ordres aux gardes de la tente.

En entrant, le médecin arabe salua, à la manière orientale, le marquis et le grand-maître dont le costume et l’aspect indiquaient la dignité. Le grand-maître lui rendit son salut avec un froid dédain ; le marquis, avec cette politesse populaire qu’il avait constamment avec les hommes de tous rangs et de toutes nations. Il y eut un moment d’attente, car le chevalier écossais ne voulait pas entrer dans la tente du roi d’Angleterre avant l’arrivée de de Vaux ; et pendant cet intervalle, le grand-maître adressa d’un ton sévère