Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE VII.

DÉTAILS HISTORIQUES.

Que celui qui n’accepte pas la paix qu’on lui offre soit accablé de tous les maux que peut causer la guerre ! Va, ta haine pour la paix est bien connue, si ton âme repousse maintenant les avances de l’amitié.
Le Tasse.

La confiance qui existait entre le landamman et le marchand anglais parut augmenter encore pendant un espace de quelques jours qui s’écoulèrent avant le jour marqué pour le commencement de leur voyage à la cour de Charles de Bourgogne. Nous avons déjà exposé l’état de l’Europe et de la Confédération helvétique ; mais, pour la plus grande clarté de notre histoire, nous voulons la récapituler ici brièvement.

Dans l’intervalle d’une semaine que les voyageurs anglais passèrent à Geierstein, des assemblées ou diètes furent tenues par les cantons des villes fédérées, aussi bien que par ceux de Forêts. Les premiers, irrités des taxes qu’imposait à leur commerce le duc de Bourgogne, et que rendait plus intolérables encore la violence des agents qu’il employait pour cette oppression, demandèrent à grands cris la guerre qui leur avait toujours procuré jusqu’alors des victoires et des richesses. Plusieurs d’entre eux étaient aussi excités en secret à prendre les armes par les largesses de Louis XI, qui n’épargnait ni les intrigues ni l’or pour amener une rupture entre ces intrépides confédérés et son implacable ennemi, Charles-le-Téméraire.

D’un autre côté, il y avait plusieurs raisons qui semblaient rendre impolitique pour les Suisses de s’engager dans une guerre contre l’un des plus riches, des plus obstinés, et des plus puissants princes de l’Europe… car tel était sans contredit Charles de Bourgogne… sauf le cas où il aurait existé de graves motifs touchant à leur honneur et à leur indépendance. Chaque jour, des nouvelles de l’intérieur confirmaient qu’Édouard IV, d’Angleterre, avait conclu une alliance étroite et intime, offensive et défensive, avec le duc de Bourgogne, et que le roi des Anglais, renommé par ses nombreuses victoires sur la maison rivale de Lancastre, victoires qui, après différents revers, lui avaient enfin assuré la possession certaine du trône, avait formé le projet de faire valoir encore une fois ses droits sur les provinces de France, si long-temps possédées