Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/89

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que par le repentir et la pénitence ! — Arthur, » dit le vieux Philipson, qui arrivait en même temps que le landamman, « quelle est cette folie ? Vos devoirs sont-ils d’une nature si légère et si peu importante qu’ils vous laissent le temps de vous quereller et de vous battre avec le premier rustre qui se trouve être fainéant, présomptueux et bourru ? »

Les jeunes gens, dont le combat avait cessé à l’entrée de ces spectateurs inattendus, restèrent à se regarder l’un l’autre, appuyés sur leurs lames.

« Rudolphe Donnerhugel, dit le landamman, remets-moi ton épée… À moi propriétaire de ce terrain, chef de cette famille et magistrat du canton. — Et qui plus est, » répliqua Rudolphe avec soumission, « à vous qui êtes Arnold Biederman, aux ordres de qui tout homme né dans ces montagnes dégaine et remet dans le fourreau son épée. »

Il donna alors son épée à deux mains au landamman.

« Mais, sur ma parole, reprit Biederman, c’est la même avec laquelle ton père Stephen combattit si glorieusement à Sempach, à côté du fameux Wenkelried ! Il est honteux qu’elle ait été tirée contre un étranger tranquille… Et vous, jeune homme… » continua le Suisse en s’adressant à Arthur, à qui son père disait en même temps : « Mon fils, rendez votre épée au landamman, — Il n’est pas besoin, mon père, répondit le jeune Anglais, puisque, pour ma part, je regarde le combat comme fini. Ce brave garçon m’a engagé à venir ici pour essayer, j’imagine, notre courage : je puis rendre un complet témoignage de sa valeur et de son habileté à manier le sabre ; et comme j’espère qu’il ne dira rien à la honte de ma bravoure, je pense que notre combat a duré assez long-temps pour le motif qui l’a occasionné. — Trop long-temps pour moi, » répliqua Rudolphe avec franchise ; « la manche verte de mon pourpoint, que je porte de cette couleur par amour pour les cantons de Forêts, est maintenant teinte d’une couleur cramoisie aussi foncée qu’elle aurait pu l’être par un teinturier d’Ypres ou de Gand. Mais je pardonne du fond du cœur au brave étranger qui a de la sorte sali ma veste et donné à son maître une leçon qu’il n’oubliera point de sitôt. Si tous les Anglais avaient été comme votre hôte, mon vénérable parent, il me semble que le monticule de Buttisholz ne se serait pas facilement élevé si haut. — Cousin Rudolphe, » répliqua le landamman qui avait déridé son front tandis que le jeune Bernois parlait ainsi, je t’ai toujours regardé comme aussi généreux que tu es léger et