Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/62

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soit en versant d’immenses trésors dans la caisse même de cet état, soit en présentant l’appât d’une pension aux vieillards, et en encourageant la violence des jeunes gens… pour entraîner les Bernois dans une guerre contre le duc. Charles d’un autre côté agit comme il fait ordinairement, tout-à-fait comme Louis aurait pu le souhaiter. Nos voisins et nos alliés de Berne ne se contentent pas, ainsi que nous autres des cantons de Forêts, d’élever des bestiaux et de cultiver la terre, mais ils font un commerce considérable que le duc de Bourgogne a plus d’une fois empêché par les exactions et les violences que ses officiers commettent en son nom dans les villes frontières, comme la chose vous est indubitablement connue. — Oui, sans doute, il n’y a qu’une voix générale contre ces vexations. — Vous ne serez donc pas surpris que, sollicitées par un souverain et opprimées par l’autre, fières de leurs victoires passées et ambitieuses d’une augmentation de puissance, Berne et les autres villes de notre confédération, dont les représentants, à cause de la supériorité de leurs richesses ou de leur savoir, exercent une plus grande influence sur la diète que nous autres des Forêts, soient disposées à la guerre dont jusqu’à présent la république a toujours tiré victoires, richesses et agrandissement de territoire. — Oui, mon digne hôte, et gloire aussi, » s’écria Philipson en l’interrompant avec un certain enthousiasme ; « je ne m’étonne pas que la brave jeunesse de vos cantons soit si portée à courir de nouveau les chances de la guerre, lorsque vos victoires passées ont été si nombreuses et si brillantes. — Vous n’êtes pas un marchand sage, mon cher hôte, si vous regardez la réussite d’entreprises certainement trop hardies comme un encouragement à de nouvelles témérités. Laissez-nous faire un meilleur usage de nos premières victoires. Quand nous combattîmes pour nos libertés, Dieu bénit nos armes ; mais les bénira-t-il si nous combattons pour notre agrandissement ou pour l’or de la France ? — Votre doute est juste, » dit le marchand d’un ton plus calme ; « mais supposez que vous tirez l’épée pour mettre fin aux exactions vexatoires de la Bourgogne… — Écoutez-moi, mon digne ami : à se peut que nous autres des cantons de Forêts nous donnions trop peu d’attention à ces intérêts commerciaux qui occupent tous les soins des bourgeois de Berne ; pourtant nous n’abandonnerons pas nos voisins et nos alliés dans une juste querelle ; et il est à peu près convenu qu’une députation sera envoyée au duc de Bourgogne pour demander réparation. La diète générale, actuellement rassemblée à Berne, a demandé que je