Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/57

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relique quelque trophée des vieilles guerres faites par les habitants de ces montagnes au seigneur féodal auquel elles avaient jadis appartenu.

Une invitation de prendre place à la table hospitalière dérangea la suite des réflexions du marchand anglais, et une nombreuse compagnie, se composant des habitants de toute condition qui vivaient sous le toit de Biederman, vint prendre part à un abondant repas où dominaient la viande de chèvre, le poisson, le lait préparé de différentes manières, le fromage, et, pour la bonne bouche, un plat de venaison, un quartier de jeune chamois. Le landamman lui-même fit les honneurs de la table avec beaucoup de politesse et de simplicité, et engagea plus d’une fois les étrangers à montrer par leur appétit qu’ils se trouvaient aussi bien reçus qu’il désirait les bien recevoir. Pendant le repas, il soutint la conversation avec le plus âgé de ses hôtes, tandis que les jeunes gens et les serviteurs mangeaient avec modestie et en silence. Avant la fin du dîner, une figure passa en dehors, devant une large fenêtre qui éclairait la salle à manger, et cet incident parut occasionner une agréable sensation parmi ceux qui le remarquèrent.

« Qui a passé ? » demanda le vieux Biederman à ceux qui étaient assis en face de la fenêtre.

« C’est notre cousin, Rudolphe de Donnerhugel, » répondit avec empressement un des fils d’Arnold.

Cette nouvelle sembla causer une grande joie aux jeunes gens de la compagnie, surtout aux fils du landamman ; tandis que le chef de la famille disait seulement d’une voix grave et tranquille : « Votre parent est le bienvenu… Dites-le-lui, et faites-le entrer. »

Deux ou trois se levèrent pour remplir cette commission, et semblèrent se disputer entre eux à qui ferait les honneurs de la maison au nouvel hôte. Il entra bientôt. C’était un jeune homme d’une grandeur extraordinaire, bien proportionné et vigoureux, dont les cheveux bruns tombaient en boucles nombreuses autour de sa figure, avec des moustaches de couleur pareille, ou encore plus foncée. Sa toque était petite par rapport à la longueur de son épaisse chevelure, et l’on doit dire qu’elle semblait plutôt pendre sur un côté de la tête que la couvrir… Ses vêtements étaient taillés dans la même forme, et suivant la même mode que ceux d’Arnold, mais faits d’une étoffe plus belle, provenant des manufactures d’Allemagne, et ornés d’une manière aussi riche que bizarre. Une manche de sa veste était d’un vert foncé, artistement brodée