Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/465

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diocre inquiétude relativement à Anne de Geierstein et à son père pour l’amour d’elle, respira plus librement quand il entendit traiter si légèrement ces menaces.

Deux jours après cette alarme, Oxford se sentit le désir d’aller reconnaître le camp de Ferrand de Lorraine, attendu qu’il doutait fort qu’on leur dît l’exacte vérité touchant sa position et sa force. Il obtint le consentement du duc pour ce projet, et Charles, à cette occasion, leur fit présent, à lui et à son fils, de deux nobles coursiers remarquables par leur vigueur et leur vitesse ; qu’il estimait beaucoup lui-même.

Aussitôt que le bon plaisir du duc fut communiqué au comte italien, il témoigna la plus vive joie d’avoir le secours de l’âge et de l’expérience d’Oxford pour aller en reconnaissance, et choisit une centaine de stradiotes d’élite qu’il avait, disait-il, envoyés quelquefois faire l’escarmouche à la barbe même des Suisses. Le comte se montra fort satisfait de la manière active et intelligente avec laquelle ces hommes remplissaient leur devoir, chassaient devant eux et même dispersaient quelques escadrons de la cavalerie de Ferrand. À l’entrée d’un petit vallon assez raide, Campo-Basso communiqua au noble Anglais que, s’ils pouvaient avancer jusqu’à l’extrémité, ils auraient pleine connaissance de la position des ennemis. Deux ou trois stradiotes coururent alors examiner ce défilé, et, revenant bientôt, rendirent compte dans leur propre langue à leur commandant, qui déclara le passage sûr, et invita le comte d’Oxford à le suivre. Ils traversèrent le vallon sans apercevoir un ennemi ; mais, en débouchant dans une plaine, au point marqué par Campo-Basso, Arthur, qui était dans l’avant-garde des stradiotes et séparé de son père, vit en effet le camp du duc Ferrand à une distance d’un demi-mille. Un corps de cavalerie venait d’en sortir, et se dirigeait au galop vers la gorge du vallon qu’il avait lui-même traversée. Il allait tourner bride et s’en retourner au plus vite ; mais, comptant sur la grande agilité de son cheval, il crut pouvoir se hasarder à rester encore un moment pour examiner les lieux avec plus de soin. Les stradiotes qui l’accompagnaient n’attendirent pas ses ordres pour se retirer, mais prirent la fuite, comme c’était réellement leur devoir quand ils étaient attaqués par des forces supérieures.

Cependant Arthur avait observé que le chevalier qui paraissait commander l’escadron ennemi montait un vigoureux cheval qui faisait trembler la terre sous ses pas, portait sur son bouclier l’ours