Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/38

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retrouvons mon fils, si nous le retrouvons vivant, ce jour sera heureux pour vous aussi. — Bah ! je demande seulement que vous restiez tranquille, que vous agissiez prudemment, et je me tiendrai pour payé de mes services. Seulement il ne serait pas honorable à un honnête garçon d’avoir laissé périr des gens par leur propre témérité ; car le blâme, après tout, doit nécessairement retomber sur le guide, comme s’il pouvait empêcher le vieux Ponce de secouer le brouillard qui lui couvre la figure, ou des langues de terre de s’écrouler parfois dans la vallée, ou de jeunes têtes folles de s’aventurer sur des roches aussi étroites que la lame d’un couteau, ou enfin des insensés que leurs cheveux gris devraient rendre plus sages, de tirer leurs poignards comme des fanfarons de Lombardie. »

C’était ainsi que babillait le guide, et son babil aurait continué long-temps, car signor Philipson ne l’écoutait pas. Chaque battement de son pouls, chaque pensée de son cœur, étaient dirigés vers l’objet que le Suisse indiquait être le signal du salut de son fils. Il reconnut enfin que le signal était réellement agité par une main humaine ; et aussi empressé à ressaisir toute lueur d’espérance qu’il l’avait été peu auparavant de céder à l’effroi et au désespoir, il se prépara de nouveau à se rapprocher de son fils, et à l’aider, s’il était possible, à regagner un lieu sûr ; mais les instances et les assurances réitérées de son guide parvinrent encore à le retenir.

« Êtes-vous capable, dit celui-ci, de franchir ce rocher ? Pouvez-vous répéter votre Credo et votre Ave, sans manquer ni déplacer un mot ? Car sinon, nos vieillards disent que votre cou, en eussiez-vous une vingtaine, serait en danger… Votre œil est-il clair, et votre pied solide ? Je trouve, moi, que l’un coule comme une fontaine, et que l’autre remue comme le tremble qui vous ombrage ! Demeurez ici jusqu’à ce que vous y soyez rejoint par des gens beaucoup plus capables de porter secours à votre fils que vous et moi. Je présume, d’après la manière dont il a sonné, que c’est le cornet du digne magistrat de Geierstein, d’Arnold Biederman. Il a vu le danger de votre fils, et maintenant il songe à pourvoir à sa sûreté ainsi qu’à la nôtre. Il y a des cas où le secours d’un étranger, connaissant bien le pays, vaut mieux que l’aide de trois de nos frères, qui n’ont pas l’expérience de ces montagnes. — Mais si ce cornet a réellement sonné un signal, comment se fait-il que mon fils n’y ait pas répondu ? — Et s’il a répondu, comme la chose est fort probable, aurions-nous pu l’entendre ? Le cornet d’Uri, lui-