Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/346

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

singulièrement pacifiques ! Profitant d’une mutinerie des bourgeois de La Ferette, la première ville de garnison où ils sont entrés, ils ont pris d’assaut les murailles, saisi Archibald d’Hagenbach qui commandait la place pour moi, et l’ont mis à mort sur la place du marché. Une telle insulte doit être punie, seigneur John de Vere ; et si vous ne me voyez pas livré à la colère qu’elle mérite si bien, c’est que j’ai déjà donné ordre qu’on pendît ces infâmes qui s’appellent ambassadeurs ! — Pour l’amour de Dieu, noble duc, » dit l’Anglais se jetant aux pieds de Charles… « pour votre propre réputation, dans l’intérêt de la paix de la chrétienté, révoquez un tel ordre s’il est réellement donné. — Que signifie cette chaleur ? que vous fait la vie de ces hommes, sinon que les conséquences d’une guerre peuvent retarder votre expédition de quelques jours ? — Peut la rendre tout-à-fait nulle, je dirai même, doit la faire manquer… Écoutez-moi, seigneur duc, j’accompagnai ces hommes une partie de la route. — Vous !… vous, compagnons de voyage de ces grossiers paysans suisses ? Il faut que la fortune ait bien rabaissé l’orgueil de la noblesse anglaise, pour que vous ayez choisi une semblable société. — Le hasard m’a jeté au milieu d’eux. Quelques uns de ces députés sont de sang noble, et en outre animés d’intentions pacifiques, dont je ne crains pas de me porter garant. — Sur mon honneur, milord d’Oxford, vous leur faites une grande faveur et à moi aussi, en intervenant de la sorte entre les Suisses et moi-même. Permettez-moi de vous dire que c’est condescendance de ma part, lorsque, par déférence pour une vieille amitié, je vous laisse parler à loisir des affaires de votre pays. Il me semble que vous devriez m’épargner votre opinion sur des sujets qui ne vous intéressent aucunement. — Monseigneur duc de Bourgogne, j’ai suivi votre bannière à Paris, et j’ai eu le bonheur de vous secourir à la bataille de Montlhéry, lorsque vous étiez assiégé par les hommes d’armes français… — Nous ne l’avons pas oublié, et la preuve que ce service n’est pas sorti de notre mémoire, c’est que nous vous avons souffert si long-temps en notre présence, plaidant la cause d’une bande de coquins qu’on nous prie de ne pas livrer au gibet qui déjà convoite leurs cous, parce que, Dieu me pardonne ! ils ont été compagnons de voyage du comte d’Oxfod ! — Non pas, monseigneur. Je demande leur vie seulement parce qu’ils viennent avec une mission pacifique et que leurs chefs au moins n’ont pris aucune part au crime dont vous vous plaignez. »

Le duc traversa l’appartement à pas inégaux dans une grande