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CHAPITRE XXII.

L’ENTREVUE.

Ne m’en parlez plus… je ne puis supporter les momeries de toute cette politesse forcée. » Je vous en prie, asseyez-vous, monsieur. » Cette phrase est débitée d’un air humble, mais l’autre qui l’entend plie le genou et sourit en courtisan. « Devant vous, monsieur ? Ce serait donc à terre. » Au diable ces afféteries ! L’orgueil qui se cache d’une si pauvre façon est à peine digne d’entrer au cœur d’un mendiant.
Ancienne comédie.

Annette Veilchen, montant et descendant sans cesse l’escalier, était l’âme de tout ce qui se faisait dans le seul coin habitable du château d’Arnheim, Elle était également propre à toute espèce de service ; c’est pourquoi elle jeta un coup d’œil dans l’écurie pour s’assurer que William pansait convenablement le cheval d’Arthur, avança la tête dans la cuisine pour voir si la vieille cuisinière Marthon faisait rôtir à point les perdrix, attention qui, soit dit en passant, lui attira les réprimandes de la souveraine du lieu, alla fouiller les recoins d’un immense cellier, pour y trouver un flacon ou deux de vin du Rhin, et finalement entra un peu dans le salon pour voir quelle mine avait Arthur ; et quand elle eut remarqué qu’il avait donné à sa toilette tout le soin possible, elle l’assura qu’il allait bientôt voir sa maîtresse qui était bien légèrement indisposée, mais qui ne manquerait pas de venir présenter ses respects à une si précieuse connaissance.

Arthur rougit à ces paroles, et sembla si beau aux yeux de la femme de chambre, qu’elle ne put s’empêcher de dire en elle-même, tandis qu’elle se rendait à l’appartement de la jeune baronne : « Ma foi, si le véritable amour ne peut unir ce jeune couple, en dépit même de tous les obstacles qui s’y opposeront, je ne croirai jamais qu’il y ait chose au monde qui s’appelle véritable amour, quand même Louis Sprenger devrait le dire et le jurer sur l’Évangile. »

Lorsqu’elle entra dans la chambre de sa maîtresse, elle trouva, à sa grande surprise, qu’au lieu de se parer de ses plus beaux atours, elle avait préféré la simple robe blanche qu’elle portait le premier jour qu’Arthur avait dîné à Geierstein. Annette resta d’abord confuse et interdite, puis reconnut soudain le bon goût qui