Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/275

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la force ouverte ; où, pour punir un coupable, il fallait toute l’influence et l’autorité d’une pareille confédération. Dans toute autre contrée qui n’eût été ni exposée à toute espèce de tyrannie féodale, ni privée des moyens ordinaires d’obtenir justice et redressement, un semblable système n’aurait pu ni prendre racine ni fleurir.

Il nous faut maintenant revenir au brave Anglais qui, quoique sentant tout le danger qu’il courait en présence d’un si terrible tribunal, conservait néanmoins un calme noble et inébranlable.

La cour une fois assemblée, un rouleau de cordes et une épée nue, signes et emblèmes bien connus de l’autorité véhmique, furent déposés sur l’autel où l’épée, dont la lame était ordinairement droite et la poignée en forme de croix, était considérée comme représentant le sacré symbole de la rédemption chrétienne, et la corde comme indiquant le droit de juridiction criminelle et de punition capitale. Alors le président de l’assemblée, qui occupait le milieu du premier banc, se leva, et, la main étendue sur les symboles, prononça à haute voix la formule qui exprimait les devoirs du tribunal, que tous les juges inférieurs et assistants répétaient après lui d’une voix triste et sourde.

« Je jure par la Sainte-Trinité d’aider et de coopérer sans relâche dans les choses qui concernent la sainte vèhme, à défendre ses doctrines et ses institutions contre père et mère, femme et enfants ; contre le feu, l’eau, la terre et l’air ; contre tout ce qu’éclaire le soleil ; contre tout ce que mouille la rosée ; contre tout être créé au ciel, sur la terre ou sous les eaux de la terre, et je jure de donner connaissance à ce saint tribunal de tout acte que je saurai par moi-même, ou que j’apprendrai par témoignage croyable mériter animadversion ou châtiment ; et je ne cacherai, tairai ou dissimulerai ces actes à moi connus, ni par amour, ni par amitié, ni par affection de famille, ni par or, argent ou pierres précieuses : en outre, je ne me rendrai complice d’aucun coupable qui sera sous la sentence de ce sacré tribunal, en l’avertissant de son danger, en l’invitant à s’échapper, en l’aidant de conseils, ou en lui procurant un moyen quelconque d’évasion ; de plus, je ne donnerai à un tel coupable ni feu, ni habit, ni nourriture, ni l’abri, quand même ce serait mon père qui me demanderait un verre d’eau par la grande chaleur du midi en été, ou mon frère qui me prierait de le laisser s’asseoir au coin de mon feu par la plus froide nuit de l’hiver ; enfin je fais vœu et je promets d’honorer cette sainte association, et d’exécuter ses sentences promptement, fidèlement et courageusement,