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tudesque des vers trop barbares pour que Philipson les pût bien comprendre, mais qu’on peut imiter ainsi :

Dispensateurs et des biens et des maux,
Donnez équerre, et compas et niveaux.
Dressez l’autel, préparez le fossé,
Où doit le sang bientôt être versé ;
Que six grands pieds en forment la longueur,
Et qu’elle ait même une égale largeur.
Vers le couchant le tribunal s’assemble ;
Vers l’orient, le pâle accusé tremble :
Frères, parlez, tout est-il bien fini ?
Le rituel est-il bien accompli ?

Un chœur nombreux sembla répondre à cette question. Beaucoup de voix, tant des personnes qui étaient déjà entrées sous la voûte que d’autres qui se trouvaient encore dans les différents corridors et passages qui communiquaient avec elle, et que Philipson conjectura alors être fort nombreux, s’unirent pour chanter la réponse suivante :

Pour la vie et pour l’âme et le sang et les os,
Tout est, nous le jurons, réglé bien à propos.

Les voix, qu’on avait déjà entendues une première fois, reprirent alors :

Que m’apporte la nuit ? le rayonnant matin
De sa vive blancheur éclaire-t-il le Rhin ?
Quelle harmonie a murmuré son onde ?
L’oiseau, plus tard, dans le bocage gronde.
Frères, voyez sur le mont qui reluit,
Et dites-moi ce qu’apporte la nuit.

Le chœur répliqua encore, mais moins haut que d’abord, et il semblait que les personnes à qui s’adressait la réplique étaient beaucoup plus éloignées qu’auparavant ; néanmoins les paroles s’entendaient distinctement :

Déjà le jour approche, et sur le Rhin sans voiles.
Lasses de leur repos, scintillent les étoiles ;
Aucun rayon ne brille à l’orient ;
Une voix crie en ce moment sur l’onde ;
Frère, elle exige du sang pour du sang :
Il faut qu’enfin à son ordre on réponde.

Toutes les voix, encore plus nombreuses peut-être, chantèrent ensemble :

Debout ! debout ! qu’à la chute du jour
La trahison par vous soit réprimée ;
Rendez l’arrêt, frères ; c’est votre tour !
La vigilance vous est commandée.