Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/270

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pas où. Il entendait même indistinctement le bruit des cordes et des poulies, quoiqu’on eût pris toutes les précautions pour l’amortir ; et le voyageur, en tâtonnant autour de lui, reconnut qu’il se trouvait aussi bien que son lit sur une trappe qui pouvait correspondre avec des voûtes ou des pièces souterraines.

Philipson sentit de la peur en des circonstances si bien faites pour la produire ; car comment pouvait-il espérer une issue heureuse à une aventure qui avait si étrangement commencé ? Mais ces craintes furent celles d’un homme brave et décidé, qui, même dans l’extrémité des périls dont il était entouré, conserva sa présence d’esprit. Sa descente semblait s’opérer avec précaution, et il se tenait tout prêt à se mettre sur pied et à se défendre aussitôt qu’il se retrouverait sur la terre ferme. Quoique déjà avancé en âge, il était encore plein de vigueur et d’activité, et, à moins d’être surpris d’une manière désavantageuse, comme il y avait évidemment lieu de le craindre, il était vraisemblable qu’il opposerait une défense terrible. Mais son plan de résistance avait été prévenu. Il n’eut pas plus tôt atteint le fond du souterrain dans lequel on le descendait, que deux hommes, qui attendaient en bas que l’opération fût terminée, mirent la main sur lui des deux côtés, et l’empêchèrent, par force, de se lever comme il en avait l’intention, lui lièrent les bras avec une corde, et le firent prisonnier aussi étroitement que lorsqu’il était dans le cachot de La Ferette. Il fut donc obligé de rester passif, et d’attendre, sans bouger, la fin de cette effrayante aventure. Attaché comme il l’était, il ne pouvait que tourner la tête d’un côté et de l’autre, et ce fut avec joie qu’il vit enfin briller des lumières, mais elles apparaissaient à une grande distance de lui.

D’après la marche irrégulière que suivaient ces lumières éparses, tantôt approchant en ligne droite, tantôt se mêlant et se croisant les unes les autres, Philipson pouvait conclure que la voûte souterraine dans laquelle il les voyait scintiller était d’une étendue fort considérable. Leur nombre aussi augmentait, et à mesure qu’elles se réunirent, il put distinguer que ces lumières provenaient de torches nombreuses, portées par des hommes vêtus de longs manteaux noirs, comme des gens de deuil à un enterrement, ou les frères noirs de l’ordre de Saint-François avec leurs capuchons rabattus de manière à cacher leurs figures. Ils paraissaient attentivement occupés à mesurer une partie du souterrain, et tandis qu’ils s’acquittaient de cette tâche, ils chantaient dans l’ancienne langue