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fonctions de batelier, il convertit sa hutte en une chapelle rustique, et lui-même, prenant les ordres, desservit l’autel comme ermite. L’image fut supposée faire des miracles, et le bac fut renommé pour être sous la sainte image de Notre-Dame et de son serviteur, dont la sainteté n’était pas moindre. »

Quand Barthélémy eut achevé son histoire de la chapelle du Bac, les voyageurs étaient arrivés à l’endroit en question.

CHAPITRE XVIII.

LE PRÊTRE NOIR.

Au bord du Rhin, au bord du Rhin mûrissent les grappes du jus divin qui enflamme le courage du soldat joyeux : oh ! béni soit le Rhin !
Chanson à boire.

Une cabane ou deux au bord du fleuve, où étaient amarrées plusieurs barques de pêcheurs, montraient que le pieux Hans avait des successeurs dans sa profession de batelier. Le Rhin qui, un peu au dessous, était arrêté par une chaîne de petites îles, se déployait sur une surface plus large, et coulait avec moins de rapidité devant ces cabanes, de sorte que les bateliers n’avaient à lutter que contre un lit plus calme et plus uni, quoique le courant fût encore, même en cet endroit, trop fort pour qu’on pût y résister, à moins que le fleuve ne fût dans un état tranquille.

Sur la rive opposée, mais beaucoup plus bas que le hameau qui donnait son nom au bac, était située, sur une petite éminence couverte d’arbres et de taillis, la petite ville de Kirch-Hoff. Une barque, partant de la rive gauche, même dans les jours favorables, était obligée de naviguer un temps considérable sous le vent, et de suivre même une route oblique, pour arriver à l’autre bord de ce fleuve profond et impétueux, jusqu’à Kirch-Hoff. Au contraire, un bateau venant de Kirch-Hoff devait avoir un grand avantage de vent et de rames pour débarquer un chargement ou des passagers à la chapelle du Bac, à moins d’être sous la miraculeuse influence qui avait poussé l’image de la sainte Vierge dans cette direction. Les communications entre l’une et l’autre de ces rives se faisaient donc par des barques que l’on remontait jusqu’à une hauteur telle sur la rive gauche, qu’elles dérivassent ensuite, durant la traversée, de manière à toucher précisément l’endroit où l’on désirait aborder.