Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/136

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seulement dire qu’il est conduit à la cour de Bourgogne par d’importantes affaires qui doivent lui faire désirer d’y arriver en paix avec tout le monde ; et je suis intimement convaincu que plutôt que de courir le danger d’une contestation avec la garnison de La Ferette, et de s’exposer à perdre ses marchandises, il aimerait mieux sacrifier volontairement tout ce qu’il a maintenant avec lui. Je dois donc vous prier, messieurs, de m’accorder le temps de le consulter sur ce point, et je vous assure que s’il juge convenable de résister au paiement de ces droits à la Bourgogne, vous trouverez en moi un homme déterminé à se battre jusqu’à la dernière goutte de son sang. — À merveille, roi Arthur, dit Rudolphe, vous êtes un scrupuleux observateur du quatrième commandement, et vos jours seront longs sur la terre. Ne supposez pas que nous négligions le même devoir, tout en nous regardant comme tenus d’assurer en premier lieu le bien-être de notre patrie, mère commune de nos pères et de nous-mêmes. Mais, comme vous connaissez notre profond respect pour le landamman, vous ne devez pas craindre que nous allions volontairement l’offenser eu engageant des hostilités témérairement ou sans de puissantes raisons ; et si l’on tentait de dépouiller son hôte, il y opposerait pour sa part une vigoureuse résistance. J’avais espéré vous trouver, vous et votre père, plus prompts à ressentir une si grave injustice. Néanmoins, si votre père incline pour présenter sa toison à tondre à Archibald d’Hagenbach, dont les ciseaux, il le reconnaîtra, font fort joliment place nette, il serait inutile et impoli à nous d’y apporter obstacle. En attendant, vous avez l’avantage de savoir qu’en cas où le gouverneur de La Ferette se montrerait disposé à vous ôter la peau, aussi bien que la toison, vous aurez sous la main plus d’hommes que vous ne croyez, et vous les trouverez également capables et jaloux de vous prêter un prompt secours. — À ces conditions, répondit l’Anglais, je fais mes remercîments à ces messieurs de Bâle, ou de quelque autre pays qu’ils puissent venir, et je bois fraternellement cette coupe à notre plus ample et plus intime connaissance. — Santé et prospérité aux cantons unis et à leurs amis ! répliqua le cavalier bleu. Mort et confusion à tous les autres ! »

Les coupes furent remplies, et, au lieu de salves d’applaudissements, les jeunes gens réunis témoignèrent leur dévouement inébranlable à la cause qui était ainsi annoncée, en se serrant la main et en brandissant leurs armes avec des gestes fiers, mais sans aucun bruit.

« C’est ainsi, dit Rudolphe Donnerhugel, que nos illustres an-