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éclairées, tandis que le reste de la façade restait dans l’obscurité. Quand les Suisses arrivèrent devant, ils s’aperçurent que le manoir était entouré par un fossé rempli d’eau, large et profond, dont la surface tranquille réfléchissait, quoique faiblement, la flamme des lumières de l’intérieur.

CHAPITRE IX.

LA SENTINELLE.

Francisco. Je vous souhaite une bonne nuit.
Marcellus. Oh ! adieu, honnête soldat ; qui vous a relevé ?
Francisco. Je vous souhaite une bonne nuit ; Bernardo a pris ma place.
Shakspeare. Hamlet.

La première occupation de nos voyageurs fut de trouver les moyens de traverser le fossé, et ils ne furent pas long-temps à découvrir la tête de pont sur laquelle le pont-levis, lorsqu’il était baissé, s’appuyait jadis. Le pont lui-même avait disparu depuis bien des années, mais un passage temporaire de fascines et de planches avait été construit récemment, à ce qu’il paraissait, et ce passage les conduisit à l’entrée principale du château. Dès les premiers pas ils découvrirent un guichet sous le portail, et une lumière qu’ils y virent briller les guida vers une salle évidemment préparée pour les recevoir aussi bien que les circonstances le permettaient.

Un large feu de bois bien sec brûlait avec éclat dans la cheminée et avait été entretenu si long-temps, que l’air de la salle, malgré sa grandeur et son aspect un peu délabré, semblait doux et bienfaisant. Il y avait aussi à l’extrémité de l’appartement un monceau de bois assez considérable pour entretenir le feu, quand même ils auraient dû y rester une semaine. Deux ou trois longues tables étaient dressées et n’attendaient que leur arrivée ; mais en examinant les lieux avec plus d’attention, ils trouvèrent, en outre, dans un coin, plusieurs grandes corbeilles contenant des provisions froides préparées avec le plus grand soin, dont ils devaient faire tout de suite usage. Les yeux du bon bourgeois de Soleure brillèrent de joie lorsqu’il vit les jeunes gens s’occuper à tirer des corbeilles les ingrédients du souper, et à les arranger sur la table.