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les non-assermentés continuèrent long-temps à nourrir des projets de révolte, et à porter, le verre en main, des toasts séditieux, jusqu’à ce que l’âge se fût appesanti sur eux. Une autre génération s’éleva qui ne partageait pas les sentiments de l’ancienne ; et à la fin, les dernières étincelles du mécontentement qui avaient long-temps couvé sous la cendre, mais qui jamais n’avaient été assez ardentes pour éclater en flammes soudaines, s’éteignirent tout-à-fait. Mais, à proportion que l’enthousiasme politique mourait chez les hommes d’un tempérament ordinaire, il s’exaltait davantage chez ceux dont l’imagination était plus vive ou la tête plus faible, et c’est ce qui précipita ces derniers dans des desseins extravagants et désespérés.

Ainsi, dit-on, un jeune Écossais de bonne famille conçut le projet insensé de surprendre le palais de Saint-James, et d’assassiner la famille royale.

Tandis que ces conspirations folles et désespérées se tramaient parmi les jacobites les plus obstinés, il n’est point douteux que d’autres complots auraient produit de réels attentats, s’il n’eût pas convenu à la politique de sir Robert Walpole de prévenir les conspirateurs dans leurs projets, ou de les rendre incapables de les mettre à exécution, plutôt que de laisser éclater publiquement un danger dont on aurait exagéré l’étendue.

Une seule fois il s’écarta de cette ligne de conduite prudente et humaine, et l’événement sembla confirmer la sagesse de sa politique générale. Le docteur Archibald Caméron, frère du célèbre Donald Caméron de Lochiel, compromis dans la révolte de 1745, fut trouvé, par un détachement de soldats, caché avec un autre conspirateur dans les retraites sauvages de Loch Katrine, cinq ou six ans après la bataille de Culloden, et tous deux furent arrêtés. Il y avait dans l’affaire du docteur des circonstances bien connues du public, qui lui attiraient la compassion, et qui donnaient aux poursuites judiciaires dirigées contre lui une apparence de froide vengeance de la part du gouvernement : l’argument qui suit fut émis en sa faveur par un zélé jacobite, et fut regardé comme concluant par le docteur Johnson et d’autres personnages dont on ne pouvait soupçonner l’impartialité. Quoique engagé dans la révolte, le docteur Caméron n’avait jamais porté les armes, et il s’était servi de son talent médical pour soulager les blessés des deux partis. On n’assignait à son retour en Écosse d’autre motif que des affaires de famille. Sa conduite à la barre du tribunal fut dé-