Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/86

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Mais un jugement meilleur fut accordé au père de mon père — Philippe Geddes, qui, après avoir essayé de s’éclairer des vains feux follets qui brillaient alors dans différentes réunions, et dans certaines maisons à clocher, finit par obtenir une étincelle à la lampe du bienheureux Georges Fox, qui vint en Écosse répandre la lumière parmi les ténèbres, aussi abondamment que jaillissent les étincelles du sabot d’un cheval qui court au grand galop sur un chemin pierreux.

Là, le bon quaker s’interrompit en disant : À propos, il faut que j’aille voir tout de suite en quel état se trouve Salomon. »

Un serviteur quaker entra dans la chambre avec un plateau, et saluant son maître par une inclination de tête, mais non de la manière dont on salue habituellement, dit avec gravité : « Tu es le bien venu à la maison, ami Josué, mais nous ne t’attendions pas si tôt. — Qu’est-il arrivé à Salomon, ton cheval ?

— Comment ! que lui est-il arrivé ? N’a-t-il pas été ramené ici par l’enfant qu’on appelle Benjie ?

— Il l’a été, mais d’une étrange manière. Il est arrivé ici en furieux et courant au galop, et a jeté l’enfant Benjie, qui était sur son dos, au milieu du tas de fumier qui est dans la cour de l’écurie.

— J’en suis content, » dit Josué avec précipitation, « content de tout mon cœur et de toute mon âme. — Mais un moment, c’est l’enfant de la veuve : — le polisson s’est-il fait mal ?

— Non, car il s’est relevé immédiatement pour s’enfuir à toutes jambes.

Josué grommela entre ses dents le mot fouet, puis demanda en quel état se trouvait actuellement Salomon.

— Il fume comme un chaudron sur le feu ; et Bauldie le promène par la laisse dans la cour, de peur qu’il ne prenne du froid. »

M. Geddes courut aussitôt à la basse-cour pour s’assurer par ses propres yeux de l’état de son favori, et je l’accompagnai pour offrir mes conseils comme jockey. — Ne riez pas, Alan : assurément j’en sais assez dans l’art de soigner les chevaux pour conseiller un quaker — dans une occasion si critique.

Le jeune garçon qui promenait le cheval semblait n’être pas quaker, seulement ses rapports avec les gens de la maison lui avaient donné une teinte de cette retenue qui distinguait leur air et leurs manières. Salomon lui-même hennit en voyant son maître et frotta la tête contre l’épaule du bon quaker, comme